Comprendre les mécanismes qui régissent le monde…

Brève histoire du capitalisme

Difficulté : 5/5

“Les hommes se sont toujours fait jusqu’ici
des idées fausses sur eux-mêmes,
sur ce qu’ils sont ou devraient être.”
K. Marx[1]Marx Karl, Engels Friedrich, L’idéologie allemande (« conception matérialiste et critique du monde ») [1845-1846], in Marx Karl, Œuvres III Philosophie, édition établie, présentée et … Continue reading

Introduction

Pour certains, les Hommes ont, siècles après siècles, organisé leurs relations entre eux d’une façon plus que d’une autre. Ces rapports sociaux ont simultanément déterminé leur conscience. En même temps, cette conscience des choses, du monde, a participé du façonnement de leurs relations. Et ce, tant d’un point de vue individuel (les relations amicales ou familiales par exemple), que collectif (le salariat, l’organisation politique, etc.). Plus encore, la conscience que l’on a de soi est en même temps la conscience que l’on a du monde, de l’environnement dans lequel nous sommes immergés, en ce sens que nous nous construisons grâce aux interactions que nous avons avec d’autres individus. De cette façon, nous pouvons définir la société, en première instance, comme l’entité composée d’un ensemble d’individus ainsi que de leurs créations matérielles et immatérielles. En l’espèce, c’est donc la société qui confère aux Hommes leur existence sociale. C’est là la tension entre l’individu et la société. Or, force est d’admettre que tous les Hommes ne sont pas responsables dans les mêmes ampleurs de ces créations. Et pourtant, certaines de ces dernières s’imposent à tous : c’est le cas du mode de production capitaliste qui retiendra notre attention ici. Plus encore quant à ce système économique, certains en ignorent même l’existence tant il a été naturalisé dans, et par, les consciences. C’est pourquoi il nous semble essentiel de poser quelques jalons socio-historiques afin de déconstruire cette réalité.

En faisant cela nous espérons transmettre les connaissances que nous avons acquises au cours de ces dernières années car nous pensons sincèrement qu’elles peuvent aider à mieux saisir la réalité socio-économique qui s’impose à nous au quotidien. Certains la subissent sans vraiment la comprendre, tandis que d’autres en profitent ; certains l’ignorent, quand d’autres se servent de ses logiques pour arriver à leurs fins ; certains s’y opposent lorsque d’autres la défendent avec ferveur ; etc. Mais pour l’heure, nous ne pouvons que difficilement et marginalement nous y soustraire : le capitalisme s’est imposé comme le seul système d’échange viable. Bon gré, mal gré. Et, en décrivant les évolutions sur le temps long, nous souhaitons donner quelques clefs de compréhension à nos lecteurs pour qu’ils soient plus à même de se mouvoir dans un environnement changeant en permanence. Cela signifiant, dans un mouvement dialectique, que toute chose est construite socialement, et donc que toute chose est vouée à être contestée socialement, pour finalement pouvoir être dépassée. En un mot, tout ce construit social est amené à être déconstruit. C’est là qu’interviennent l’expression et la compréhension d’un phénomène social. En verbalisant une réalité nous sommes plus à même de prendre position face à elle, en l’acceptant ou en la refusant. Dans les deux cas en toute connaissance de causes et de conséquences.

Dans ce présent travail, il s’agira pour nous de nous appesantir sur les causes, bien moins sur les conséquences, de ce système économique. En raison de quoi nous proposons de présenter succinctement les évolutions matérielles et idéelles du capitalisme, depuis l’antiquité jusqu’à nos jours. Pour cela, nous procéderons en deux grands temps historiques : avant et après 1500, date charnière comme nous allons l’expliquer dans un instant. Et selon une double modalité : d’une part en présentant les évènements historiques et, d’autre part, en présentant la façon dont ils ont été pensé par les Hommes les vivant. A la suite de quoi nous esquisserons une définition possible de ce système économique, sur la base des données historiques que nous aurons présentées. Mais avant tout cela, précisons un dernier point : malgré notre volonté de neutralité, force est d’admettre que nous ne pouvons totalement nous prémunir des cadres qui régissent notre pensée. Nous avons une vision, une compréhension, une grille de lecture, etc., qui nous est propre, personnelle. Par conséquent, la lecture du mode de production capitaliste que nous proposons, n’en est qu’une parmi d’autres. Sur ce sujet, celle que nous allons donner à voir est fortement imprégnée par la pensée de K. Marx. En raison de quoi nous invitons nos lecteurs qui le peuvent et le veulent à aller lire d’autres textes sur le sujet afin de s’en faire une idée plus précise et plus complète. C’est comme cela que nous avons construit notre pensée. C’est à la lecture de différents auteurs, de différents textes sur cette question que nous en sommes arrivés aux conclusions que nous allons vous présenter. En définitive, nous ne souhaitons pas que ce texte soit accepté telle une profession de foi universelle et universalisable. Nous souhaitons simplement donner des outils à notre lecteur pour qu’ils saisissent mieux la naissance et le développement du capitalisme. En d’autres termes, notre volonté est de montrer en quoi ce système économique n’est qu’un construit socio-historique ; de donner des éléments permettant de comprendre qu’il aurait pu en être différemment et que, encore aujourd’hui, ses évolutions ne sont pas inéluctables, mais bien plutôt sujets à des rapports de forces sociaux. 

Afin de prolonger cette dernière remarque, notons que, ce n’est pas “la sociologie [qui a] inventé le conflit de l’individu et de la société, elle l’a trouvé à l’œuvre dans la religion, la politique, les idéologies, les arts ou le romantisme”[2]Tarot, Camille, « Individu, société et individualisme. Une introduction au débat sociologique », in Essaim, vol. n°12, no.1, 2004, p.85. C’est là une question séculaire : est-ce la sommation des actions individuelles qui fait la société ? ou, à l’inverse, la société (c’est-à-dire des entités collectives) qui façonne le comportements des individus ? Notre réponse à ce débat est la suivante : nous pensons une relation dialectique entre l’individu et la société. Dit autrement, ils sont interdépendants. Il n’y a pas de société sans individu pour la composer, et pas non plus d’individu sans société pour le faire naître. Ce dualisme n’a pas sa place dans notre travail. Seule nous importe l’interaction permanente entre ces deux entités pour saisir la façon dont a émergé, et s’est affirmé, le capitalisme.

1. Ses prémisses : avant 1500

I. Wallerstein considère un Capitalisme historique soit, un système économique historiquement situé et résultant d’un long processus de maturation. En fait, ce terme peut s’apparenter à celui de “mode de production capitaliste” employé par K. Marx. Il lui permet de “situer le capitalisme comme moment historique particulier, et [de] le définir comme ensemble de relations “faisant système”, ou comme “structure”, complexe et multiforme, mais néanmoins identifiable, et dotée d’un ensemble d’invariants historiques”[3]Steiner Philippe, Tutin Christian, “avant-propos”, in Wallerstein, Immanuel, Le capitalisme historique (1983), traduction par Philippe Steiner et Christian Tutin, Editions La Découverte/Poche, … Continue reading. Ce point est essentiel car le capitalisme n’a pas toujours existé : il est socialement et historiquement construit par les hommes qui l’ont composé et le composent encore. Mais au-delà de ça, c’est la coprésence de plusieurs éléments qui permet d’affirmer que l’on commence à avoir un système capitaliste à observer. Or, pendant longtemps ces éléments n’étaient pas simultanément présents. Il aura fallu attendre, d’après I. Wallerstein, la réunion du capital entre les mains de quelques uns, la présence d’une force de travail nécessaire pour pouvoir rationaliser la production et la concentrer en un même lieu et, des débouchés pour vendre la production à un prix, à la fois supérieur aux coûts engendrés par l’achat de matière première, d’outils ou de machine et la rémunération de ceux qui travaillent, et dont la marge assure les moyens nécessaires à la subsistance du vendeur-employeur. Nous reviendrons en conclusion sur la définition de ce système économique. Pour l’heure, concentrons-nous sur les événements et pensées historiques ayant conduit, siècle après siècle, à l’état de fait actuel.

Déjà en Grèce antique, dès le VIe – Ve siècle avant J.-C., des réflexions économiques émergent avec l’augmentation des échanges. Puis, un siècle plus tard, particulièrement à Athènes, une crise sociale, politique, morale et intellectuelle voit le jour, posant la question de savoir s’il faut décourager l’économie marchande ou non. Dans les débats qui s’ensuivent, deux façons de penser s’affrontent. D’un côté, Platon estime que “tout appartient à tous”  et qu’il faut donc interdire tout usage d’argent et tout échange marchand. D’un autre côté, Aristote s’oppose “à cette idée d’une communauté des biens”, “il défend la propriété privée au nom de l’efficacité” et “accepte l’échange marchand et l’utilisation de la monnaie qu’il implique, mais dans le cadre de certaines limites”[4]Valier, Jacques, Brève histoire de la pensée économique d’Aristote à nos jours, Editions Flammarion, 1er ed. 2005, p.19. Ces dernières concernent (a) la ferme condamnation de la “chrématistique”, soit l’accumulation illimitée de richesses, et, (b) l’interdiction de “l’achat/vente de la force de travail”[5]ibid., p.22. En somme, pour reprendre les formules de K. Marx, Aristote accepte la formule M → A → M, mais récuse A → M → A’ et A → A’[6]Où A représente l’argent, M la marchandise et A’ le surcroît d’argent obtenu soit par l’intermédiaire de l’échange soit par les intérêts.. Par ailleurs, il accorde une place importante aux échanges “justes”, lesquels permettent selon lui de construire une cité harmonieuse. Cette dernière se matérialisant, entre autres, par une justice équitable, dans la mesure où chacun dispose de ressources en fonction de ses “mérites”. Puis, entre le Ve et le Xe siècle, la doctrine chrétienne, magnifiquement illustrée par Saint Augustin (de 354 à 430), se désengage pleinement des problématiques économiques et sociales.

Ensuite, au XIIIe siècle, Saint Thomas d’Aquin va chercher à établir les conditions socio-économiques permettant aux Hommes d’avoir une vie vertueuse. Ce qui le conduit à se questionner sur trois éléments. Premièrement, sur la propriété privée qui, selon lui, est plus efficace que la propriété collective. Pour autant, les propriétaires, ceux qui disposent de terres, se doivent d’être généreux envers les non-propriétaires. Après quoi il se questionne sur le commerce et le profit commercial. Il les accepte, “à condition que l’intention du commerçant soit moralement bonne”[7]ibid., p.26 ; en fait, le juste prix d’une marchandise est, selon lui, défini moralement. Et, troisièmement, c’est sur la question du prêt à intérêt que son attention se porte. Il s’y oppose tout en admettant que le prêteur doit bénéficier d’une exonération pour avoir supporté une privation. Cette façon de penser la réalité économique est assez caractéristique de cette période, entre le Xe et le XVe siècle. Sachant que sur cette période plusieurs événements historiques ont aussi participé à “la naissance et [au] développement du capitalisme”[8]Jessua, Claude, Le capitalisme, PUF, « Que sais-je ? », 2001, 3e ed. 2006, p.36. Il y en a quatre : 1/ la concentration des Hommes dans les villes parallèlement à un regard de plus en plus tourné vers l’extérieur ; 2/ une expansion monétaire et bancaire ; 3/ la monnaie acquiert une place centrale dans les échanges ; 4/ l’émancipation des Hommes à l’égard d’une pensée unique impulsée par l’Église. Ce que nous allons détailler maintenant en suivant le propos de C. Jessua.

Premièrement, les Hommes ont commencé à se rassembler dans des villes, quand, simultanément, les régions et les nations se sont ouvertes les unes aux autres, et ce, en trois temps. Le premier acte est celui de l’urbanisation se déroulant entre le IXe et XIVe siècle : “appelé parfois la révolution communale”, cette période caractérise l’affranchissement des bourgeois (devenus alors des francs-bourgeois) de leurs liens de subordination avec le pouvoir seigneurial qui étaient l’apanage de leur ancien statut. De la sorte, ils ont pu entreprendre des initiatives économiques en se faisant marchand. Le deuxième acte est relatif au développement du commerce extérieur du fait, (a) des huit croisades s’étant déroulées entre 1096 et 1272, conduisant les européens à s’acclimater à l’idée d’ouverture tout en les faisant prendre conscience de l’unité de leur foi religieuse et induisant une intensification des échanges marchands entre l’Europe et le Levant ; (b) c’est parce que les européens ont cherché à contourner l’hostilité des Turcs qui, depuis leur prise de Constantinople en 1453 (la ville était au main des européens depuis 1204), s’étaient rendu maître du commerce en Méditerranée orientale, que de nouveaux territoires ont été découverts : en 1492, C. Colomb découvre l’Amérique, ouvrant ainsi de nouvelles opportunités commerciales et, en 1498, V. de Gama atteint l’Inde en dépassant le cap de bonne espérance, court-circuitant ainsi le monde islamique. Le troisième acte, qui apparaît en fait en toile de fond des deux précédents, concerne l’expansion monétaire et bancaire permis par le “progrès cumulatif des richesses”, la rationalisation “de la conduite des affaires” et l’autonomisation des producteurs à l’égard des pouvoirs locaux et centraux. Ces derniers éléments caractérisant aussi le deuxième aspect constitutif de l’émergence et du développement du capitalisme.

Troisièmement, et c’est ce que nous venons d’esquisser, les opérations en nature sont remplacées par des opérations en monnaie : elle devient un étalon de change ou, pour parler comme K. Marx, un “équivalent général” dans l’échange. Enfin, quatrièmement, c’est aussi par l’émancipation des esprits à l’égard de l’Église que poignent les préludes du capitalisme. D’abord par la récusation des règles économiques qui prévalaient peu ou prou depuis l’antiquité grecque, comme par exemple la remise en question du prêt à intérêt qui est progressivement accepté par les autorités religieuses qui se veulent être plus en adéquation avec l’essor des échanges marchands en cours. Et aussi, du fait de la réforme protestante[9]Sur cette question, nous renvoyons le lecteur au texte de M. Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905), dans lequel il défend la thèse selon laquelle il y aurait des … Continue reading au début du XVIe siècle, dont la propagation des idées a été rendue possible, entre autres, par l’imprimerie en plein développement depuis son élaboration vers 1450 par Gutenberg.

Faisons tout de même attention à ne pas énoncer des conclusions trop hâtives : l’établissement du capitalisme n’a rien eu d’inéluctable. Même s’il y avait des éléments annonciateurs de ce système avant 1500, comme nous venons de l’esquisser, nous aurions tort de penser que son développement ait été inévitable. C’est parce que certains se sont saisi des logiques du capitalisme en gestation qu’il a pu devenir le seul pensable. Derrière ce construit socio-historique il y a des enjeux de pouvoirs qui, à toutes les époques, ont vu le jour et ont été remportés par une petite frange de la population. Ce sont les Hommes qui, sans nécessairement le savoir, ont participé à l’élaboration d’un tel système économique. Mais les Hommes sont inégaux face à sa construction, certains y ont participé plus que d’autres ; et aujourd’hui encore, certains y participent plus que d’autres. En fait, les logiques inhérentes à ce système économique ont permis de légitimer le pouvoir de certains sur d’autres, sur la base des éléments que nous venons de présenter succinctement. Cela permettant par là-même de justifier un ordre social inégalitaire.

2. Son développement et son affirmation : à partir de 1500

Nous nous retrouvons, dès lors, autour de 1500, date à partir de laquelle G. Vindt fait débuter le capitalisme : “c’est l’enclenchement d’un processus où apparaît un ensemble de traits, certains embryonnaires, d’autres déjà bien développés”[10]Vindt, Gérard, 500 ans de capitalisme. LA MONDIALISATION De Vasco de Gama à Bill Gates, Editions Mille et une nuits, 1998, p.6. Suivant 500 ans de capitalisme, nous présenterons, sans trop d’originalité, six périodes s’étant succédées depuis 1500, jusqu’à aujourd’hui. Toujours en les mettant en parallèle avec les pensées y étant afférentes. Sachant en plus que la période allant du XVIe à la fin du XVIIIe siècle caractérise la transition entre deux économies. Durant cette période s’opère un changement : le passage d’une économie médiévale au capitalisme industriel. Changement matériel ayant d’importantes conséquences sur la pensée économique. Ce premier trouvant sa source dans un nouveau contexte politique, économique et intellectuel. Politiquement, c’est la naissance d’un État moderne, centralisé et puissant, en capacité d’unifier la nation. Économiquement, c’est le développement d’un capitalisme commercial avec, en tête de prou le commerce triangulaire entre le vieux continent, l’Afrique et l’Amérique, ainsi que l’affirmation d’une classe de marchands étroitement liée au pouvoir royal : ce dernier encourage l’essor de cette première et cherche en elle un soutien financier. Enfin, le nouveau contexte intellectuel est marqué par les idées de la renaissance et celles de la réforme protestante. C’est dans ce cadre que se développe, entre autres, la pensée mercantiliste au XVIe et XVIIe siècle, et dont une des figures emblématiques est A. de Montchrestien (de 1575 à 1621).

Pour G. Vindt, la première phase, de 1500 à 1765, apparaît comme la conséquence directe des évènements de 1492 et 1498. Elle reflète l’accroissement exponentiel des échanges au niveau international, ce qui va de paire avec le développement d’une pensée mercantiliste fondée sur l’importance accordée aux métaux précieux : “pour [les mercantilistes], l’objectif visé est la richesse et la puissance de l’État”, cela étant lié “à l’enrichissement des marchands”. Pour eux, il y a trois facteurs de croissance : l’“abondance en homme”, l’“abondance d’argent”, et l’“intervention de l’État en matière de commerce extérieur”[11]Valier, op. cit., pp.33-34. Si bien que, dans le même ordre d’idée, ils vont préconiser de bas salaires pour inciter à travailler davantage. Aussi, dès le XVIe siècle émergent trois systèmes annonçant ce qui va se développer durant la période suivante. D’une part, les enclosures chassent les paysans de leur(s) terre(s), les faisant devenir, d’abord, des vagabonds, avant d’être arrêtés et enfermés dans des Work Houses, des lieux dans lesquels ils sont forcés de travailler. Puis, après avoir été “habitués” au labeur (c’est-à-dire, après qu’ils soient devenus dociles), ils pourront aller vendre librement leur force de travail dans les industries naissantes. D’autre part, il s’agit de la “proto-industrialisation” : une activité de fabrication rurale où des marchands distribuaient des matières premières aux paysans qui, en plus de leur activité agricole, confectionnaient des biens artisanaux de qualité moyenne[12]Plus précisément, voici ce qu’en dit G. Vindt : “Inventé par l’historien américain Franklin Mendels en 1972, le terme proto-industrialisation désigne une industrie rurale où un … Continue reading. Ce qui a motivé l’émergence du troisième système : la manufacture, un lieu dans lequel sont concentrés des travailleurs qui produisent manuellement des biens – c’est par exemple la manufacture royale d’armes de St-Etienne instituée en 1764.

Ensuite, la deuxième phase allant de 1765 à 1873, concerne la première révolution industrielle, marquée par la mécanisation dont on trouve le parangon de l’utilisation dans les industries, et par l’invention de la machine à vapeur, par J. Watt en 1769, qui, en se développant, favorisera encore plus les échanges commerciaux : que ce soit par voie terrestre avec le train ou, fluviale et maritime avec les premiers bateaux à vapeur à l’orée du XIXe siècle. C’est durant cette période, au XVIIIe siècle, que F. Quesnay fonde et “dirige une véritable école de pensée, les physiocrates”[13]Valier, op. cit., p.42, défendant deux grands principes : le droit de propriété et la liberté économique, en fondant leur analyse sur l’agriculture qui, selon eux, est l’activité sur laquelle se fonde la prospérité du royaume. Mais avec la première révolution industrielle, entre la fin du XVIIIe siècle et le début du XIXe siècle, apparaissent des transformations socio-économiques globales, profondes et durables, et donc, de nouvelles façons de penser l’économie émergent : ce sont les penseurs de l’économie politique classique tels que A. Smith, D. Ricardo, T. Malthus, J.-B. Say, qui seront vivement critiqué par K. Marx. Ce dernier ayant écrit durant les dernières décennies de cette deuxième phase. A ce titre, il nous semble opportun de spécifier les différents modes de productions[14]Il le définit comme suit : “Les divers degrés d’extension de la division du travail constituent autant de formes diverses de la propriété ; autrement dit, chaque fois qu’elle atteint un … Continue reading dont il fait mention, cela permettant, en quelque sorte, de synthétiser tout ce que nous avons dit jusqu’à présent. 

Karl Marx et Friedrich Engels

Dans l’Idéologie allemande il s’agit premièrement de “la propriété tribale” : en clair, une société de chasseurs-cueilleurs dans laquelle “la division du travail se borne à un élargissement de la division naturelle des tâches propre à la famille”. Puis, avec l’accroissement de la population et, de fait, de ses besoins, apparaît une deuxième forme : “l’antique propriété communale et publique”. Celle-ci se caractérisant par le “développement de la propriété privée”. S’en suit une troisième : “la propriété féodale”. Ici, comme pour la propriété tribale et communale, ce mode de production repose sur une communauté, “sauf que ce ne sont plus les esclaves, comme dans l’antiquité, mais les petits paysans asservis qui en constituent la classe directement productrice”[15]Marx, op. cit., p.1086-1087. Enfin, quatrièmement, vient le mode de production bourgeois qui “n’est autre que le mode de production capitaliste”[16]Duménil Gérard, Löwy Michael, Renault Emmanuel, Les 100 mots du marxisme, PUF, Collection “Que sais-je ?”, 1e ed. 2009, p.81. Dans ce dernier, la bourgeoisie a “substitué à l’exploitation que voilaient les illusions religieuses et politiques l’exploitation ouverte, cynique, directe et toute crue”[17]Marx Karl, Engels Friedrich, Manifeste du parti communiste [1848], présentation et traduction par Emile Bottigelli, Edition revue et augmentée par Gérard Raulet, Edition GF-Flammarion, Collection … Continue reading. Et, dans cette perspective évolutionniste, devrait advenir le communisme qui “bouleverse les fondements de tous les rapports de production et de commerce traditionnels”[18]Marx, op. cit. (1982), p.1115 ; à ce moment-là, l’humanité quittera la préhistoire pour entrer dans l’histoire. Si nous nous sommes permis de réaliser cette digression c’est parce qu’en parlant de mode de production nous admettons que la réalité économique, ainsi que la façon dont se divise le travail, induit des interactions interindividuelles spécifiques.

Vient ensuite une troisième phase, de 1873 à 1914, avec une seconde révolution industrielle qui est, toujours selon G. Vindt, rendue possible par l’apparition de nouvelles sources d’énergies (électricité, gaz, pétrole) et les innovations technologiques y étant affiliées ; d’une nouvelle gestion des entreprises (le taylorisme suivie du fordisme) ; de l’apparition d’entreprises multinationales comme Singer ; et, d’un rapprochement des sphères politique et économique. Le système capitaliste à le vent en poupe. Et, c’est dans les années 1870 qu’une nouvelle école de pensée naît : l’école néo-classique dont les fondateurs les plus illustres sont : S. Jevons puis A. Marshall, C. Menger et L. Walras. Tous “croyaient en la supériorité du libéralisme économique” ; et, pour eux, si la réalité économique ne correspond pas à leurs modèles c’est en raison d’imperfections qu’il faut tenter de supprimer”[19]Valier, op. cit., p.127. A contrario des classiques, de K. Marx et ses successeurs (dont J. M. Keynes), les néo-classiques n’admettent pas de classes sociales : ils pensent l’économie en partant de l’hypothèse selon laquelle l’individu serait rationnel[20]Quant au concept de rationalité, nous renvoyons le lecteur à la vidéo de Tranxen qui est des plus didactiques (https://www.youtube.com/watch?v=hnsIQYQjFEs) . D’ailleurs, ce sont les néo-classiques qui introduisirent le concept d’homo oeconomicus, vraisemblablement “sous la plume de John Stuart Mill peu avant sa mort, pour critiquer l’analyse de Stanley Jevons”[21]Clerc, Denis, “L’homo oeconomicus”, in Alternatives économiques, Hors-séries n°006, 2017.

Mais voilà que la période suivante, de 1914 à 1944, marque “une période noire du capitalisme”[22]Vindt, op. cit., p.70 : une économie de guerre se met en place et les dirigeants vont, en organisant les différentes activités économiques en en priorisant certaines sur d’autres, faire fi temporairement du libre marché, tout en maintenant la vitalité de l’activité économique ; la révolution bolchévique de 1917 veut mettre en place, à terme, le communisme en tant que dépassement du capitalisme ; la crise de 1929 conduit à une recrudescence de l’interventionnisme étatique pour répondre aux problèmes sociaux engendrés par la récession ; etc. Le système est poussé dans ses retranchements : il connaît les deux plus grandes crises de son histoire. Le lecteur l’aura compris, ces évènements ont marqué un tournant dans l’histoire de ce système économique, et ainsi sur la façon de le penser. En effet, c’est dans leur sillage qu’émerge l’économie politique de J. M. Keynes, et les évolutions de la pensée socialiste. En fait, ce que veut J. M. Keynes, c’est la sauvegarde du système capitaliste, non sa fin. Si bien que, parallèlement au modèle théorique qu’il élabore, il lui semble nécessaire “d’organiser l’intervention de l’État dans la vie économique, en vue d’atténuer de façon durable l’ampleur des crises et du chômage”[23]Comme le rappel J. Valier, pendant un temps, il est “conseiller du gouvernement britannique” (pp.150-151) . Par ailleurs, en Russie se développe une pensée socialiste, pas toujours dans la filiation des écrits de K. Marx. Toujours est-il qu’ils sont critiques à l’égard du capitalisme.

La guerre froide est un moment de l’histoire durant lequel LE capitalisme et LE communisme ont été essentialisé.

Puis, avec la fin de la seconde guerre mondiale prend pied une bipartition du monde : d’un côté le “bloc de l’est” se voulant être communiste, et de l’autre, le “bloc de l’ouest” se faisant le grand défenseur du capitalisme, sous l’égide américaine. Les États-Unis ayant été nettement moins ravagé par la guerre que les pays d’Europe, proposent une aide financière, le Plan Marshall, se trouvant être en sus, la garantie de la création de débouchés profitables à tous ceux y participant. Si bien que, toute cette partie du monde connut une formidable croissance et son lot de conséquences positives pour les pays faisant partie du jeu, à tel point que J. Fourastié qualifia, a posteriori, cette période de “trente glorieuses”. Sachant que, dès la fin des années 1940 l’approche de J. M. Keynes est enrichie par des apports de plusieurs économistes “pour servir de base à la théorie macroéconomique standard”. Cette théorie fondant son analyse sur deux hypothèses erronées : un marché régi par une concurrence parfaite et des acteurs rationnels[24]Sur ces questions nous renvoyons le lecteur au texte de R. Taouil (2004), et particulièrement aux parties consacrées au modèle IS/LM et au modèle de la récursivité par l’offre.. Simultanément, le “bloc de l’ouest”, capitaliste, cherche à diaboliser le soi-disant communisme du “bloc de l’est”. Or, il nous faut mentionner que l’URSS n’a rien d’une société communiste : en revanche elle a, au moins au départ, cherché à le devenir. En fait, il faut comprendre que la Russie du début du XXe siècle est une société “en retard” par rapport aux pays de l’ouest européen. Par conséquent, dans la perspective évolutionniste de K. Marx, que nous avons présenté plus haut, il faut, pour arriver à une société communiste, d’abord en passer par un mode de production capitaliste, ce qu’ont cherché à faire les dirigeants de l’URSS (ce sont par exemple les plans quinquennaux dès 1929).

Puis, durant les années 1970 s’amorce une sixième phase que l’on pourrait qualifier de néo-libérale. Les deux chocs pétroliers viennent renvoyer une nouvelle fois le système capitaliste dans les cordes : c’est là une nouvelle rupture dont les plus faibles payent le prix fort. Seuls les États-Unis ne sont que peu affectés par ces événements, montrant une nouvelle fois que le capitalisme profite aux plus forts. D’autant plus que, suite à ces crises, est apparu “l’offensive économique néolibéral” dans laquelle “politiciens, journalistes et intellectuels de cours se sont ligués pour imposer une “pensée unique”[25]Garnier, Jean-Pierre. « L’invisibilisation urbaine des classes populaires », in L’Homme & la Société, vol. 197, no. 3, 2015, p.179. Il parle ici du cas français, mais force est d’admettre que cette logique n’a pas uniquement affecté ce pays, mais bien plutôt l’ensemble des pays touchés par ces crises. C’est à cette occasion que l’on a vu poindre des politiques ayant pour objectif de flexibiliser le marché du travail afin de donner “aux entreprises des marges de manœuvres supplémentaires pour affronter un environnement économique plus instable”[26]Fontaine François, Malherbet Franck, CDD vs CDI. Les effets d’un dualisme contractuel, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, Collection « Sécuriser l’emploi », 1er ed. … Continue reading. C’est là une logique qui prévaut dans l’ensemble des économies dites développées et ayant conduit, synthétiquement, au développement des emplois précaires ainsi qu’à la “polarisation du marché du travail”[27]Verdugo, Gregory, Les nouvelles inégalités au travail, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, Collection « Sécuriser l’emploi », 1er ed. 2017. Par ailleurs, nous aurions tort de considérer uniquement que ces crises des années 1970 ont renvoyé le capitalisme dans les cordes. En fait, elles lui ont aussi fait la part belle, car conséquemment, c’est la dette des États qui entre en jeu. Tant et si bien qu’au-delà du fait que les États se soient endettés auprès d’autres États, ils se sont endettés auprès du capitalisme. Nous dirons qu’ils s’y sont pleinement assujettis, (a) en s’imprégnant de ses logiques et (b) en laissant le champ libre à l’extension de l’empire du capitalisme (c’est-à-dire en accordant une place plus importante au jeu de la concurrence, en flexibilisant le marché du travail). C’est aussi dans les années 1970 qu’émergent les modèles de la nouvelle économie classique reposant sur deux hypothèses : la formation “d’anticipations rationnelles” par les acteurs et l’instantanéité de l’équilibre sur les marchés. D’après ce modèle, “le comportement rationnel des agents joint à l’ajustement par les prix assure le plein emploi sauf lorsqu’il est perturbé par les interventions déstabilisatrices du décideur de la politique économique”[28]Taouil, Rédouane, Leçons de macroéconomie, PUG, Collection “Économie en +”, 1e ed. 2001, 2e ed. 2004, p.16. Dès lors, on commence à voir poindre l’interpénétration de ces modèles avec la réalité vécue. Sauf que, cette façon de faire de l’économie résulte plus d’une idéologie libérale que d’un exercice de description objective de la réalité, ce qui rend son statut scientifique discutable : elle est souvent plus prescriptive que descriptive. Ne prenons qu’un exemple : le modèle canonique établit par K. Rogoff préconisant de confier à un banquier central conservateur (voir ultra-conservateur) la politique monétaire, car il n’est pas soumis aux cycles électoraux. Sauf que voilà, cette économiste à été aussi l’économiste en chef du FMI, ce qui, sans même questionner sa neutralité dans l’exercice de ses fonctions, nous invite à reconsidérer les jeux de pouvoir qui s’établissent et qui permettent à certains d’accéder à des postes leur permettant de prescrire en vue de servir leurs intérêts. En outre, dans les années 1980, avec l’émergence d’une nouvelle économie keynésienne, que l’on retrouve “dans les diagnostics et prescriptions en matière d’emploi et de finances publiques des institutions économiques internationales telles que le FMI, l’OCDE et la Banque Mondiale”[29]ibid., pp.16-17, c’est le quotidien des ménages qui est affecté par les prescriptions faites sur la base de modèles économiques ne reflétant en rien la réalité empirique : la question est donc de savoir si ces modèles ne sont pas établies par des élites, dans l’intérêt de ces élites.

Et finalement, nous pourrions considérer une septième phase, débutant avec la dislocation de l’URSS entre 1990 et 1991. Avec la fin de la guerre froide, le capitalisme se trouve renforcé : il s’impose comme le seul système économique envisageable, diabolisant par là-même le communisme en l’associant à l’Union des Républiques Socialistes Soviétiques. Le capitalisme a le champ libre pour se développer et s’immiscer dans tous les espaces de la vie sociale.

Conclusion

L’on constate donc que, les siècles passants, les événements se succédant, le capitalisme a progressivement émergé jusqu’à s’affirmer et devenir le seul système économique qui vaille. En effet, cette brève description historique sur l’émergence et le développement du capitalisme, nous a permis de montrer qu’il n’est pas figé dans le marbre, qu’il est dynamique. Tant et si bien que c’est la succession d’événements historiques qui a conduit à l’état de fait actuel. De telle façon que nous sommes maintenant plus apte à en proposer une définition[30]Nous pourrions, avant de proposer notre définition, nous appesantir sur celles données par d’autres. Mais nous faisons le choix d’aller à l’essentiel pour ne pas nous enliser dans des … Continue reading. Nous pouvons partir du propos de C. Jessua qui se réfère à J. Schumpeter :

Le capitalisme se définit “par l’appropriation privée des moyens de production ; par la coordination des décisions à travers les échanges, en d’autres termes par le marché ; enfin par l’accumulation des capitaux grâce à des institutions financières, autrement dit par la création de crédit.”

Jessua, op. cit., p.5

Cette définition à le mérite d’être claire, succincte et englobante. En revanche, elle a le défaut d’occulter d’autres éléments. Et en premier lieu les idées wébériennes de rationalisation et de bureaucratisation ; les deux étant inévitablement liées. La bureaucratisation implique la rationalisation des activités, et le droit y étant inhérent induit une “domination légale rationnelle” qui, contrairement à la “domination traditionnelle” ou la “domination charismatique”, donne accès à des personnes ayant été élues ou nommées sur la base de leurs qualifications. Sachant que ces dernières sont contraintes par le même cadre juridique que ceux à qui elles l’administrent. En deuxième lieu, elle omet certains éléments dont I. Wallerstein fait mention – cf. supra.

Ce n’est pas un exercice facile que de définir les fondements d’un système économique en perpétuel mouvement. Nous n’avons pas la prétention d’être exhaustif ici. En effet, il nous faudrait réaliser un travail bien plus conséquent pour commencer à être vraiment pertinent dans cette démarche de recherche d’exhaustivité. Mais, pour l’heure ça n’a que peu d’importance puisque ce travail se donne l’objectif de présenter à grands et gros traits l’histoire d’un système économique pour ensuite en esquisser une définition.

Voici donc les quelques éléments que nous isolons pour décrire, et plus encore, pour définir ce qu’est le capitalisme à l’heure actuelle: 1/ l’appropriation privée des moyens de production ; 2/ la concentration dans des espaces d’une force de travail suffisante pour travailler et consommer ; 3/ la possibilité d’une accumulation illimitée du capital[31]I. Wallerstein parle de manière très ironique, mais très vrai, de cette logique : “le capitalisme est manifestement absurde. On y accumule le capital, sans autre but qu’une accumulation … Continue reading ; 4/ la place centrale accordée aux échanges par l’intermédiaire du marché ; 5/ la rationalisation des activités de la vie sociale ; 6/ la financiarisation de l’économie ; 7/ la “liberté” d’entreprendre – entendu au sens large. De surcroît, il est possible d’y adjoindre une huitième dimension, non directement inhérente au capitalisme, mais bien plutôt conséquence de la dérégulation générale des marchés : la mondialisation ; et lorsqu’il s’agit d’une dérégulation générale sur les marchés financiers : la globalisation. Sachant que cette nomenclature n’est ni exhaustive, ni immuable, ni atemporelle, ni universelle. Elle est socio-historiquement située. En effet, il y a, à l’heure actuelle, différentes formes de capitalismes : le “capitalisme chinois” – cf. R. Herrera sur ce cas – est différent du capitalisme américain. Et plus encore, mais cela semble évident au regard de ce que nous avons dit jusqu’alors, il y a différents capitalismes en fonction des époques. Pourtant, force est d’admettre que malgré des nuances, il y a des logiques de fonds qui représentent son essence, son fondement.

Mais, dans tous les cas, peu importe l’angle d’approche ou l’obédience intellectuelle, le capitalisme est un construit socio-historique. Son développement résulte des Hommes et uniquement de ceux-ci. Ce sont eux qui, génération après génération, ont participé de son établissement. Et, comme nous avons pu le dire, ils ne sont pas tous égaux face à ça ! Il y a des rapports de pouvoir, de domination. C’est d’ailleurs de cette façon que commence le Manifeste communiste : “l’histoire de toute société jusqu’à nos jours est l’histoire de luttes de classes”[32]Marx, Engels, op. cit. (1998), p.73. Si bien que nous ne pouvons pas rendre toute l’humanité responsable de l’état de fait actuel. C’est parce que certains se sont saisis de certaines logiques, à certains moments, que le Capitalisme s’est établi durablement. Si bien que parfois, certains ne savent même plus de quoi il s’agit, tant il a été naturalisé comme le seul système économique pensable ; comme s’il avait toujours existé.

Réferences

Réferences
1 Marx Karl, Engels Friedrich, L’idéologie allemande (« conception matérialiste et critique du monde ») [1845-1846], in Marx Karl, Œuvres III Philosophie, édition établie, présentée et annotée par Maximilien Rubel, Editions Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1982, p.1049
2 Tarot, Camille, « Individu, société et individualisme. Une introduction au débat sociologique », in Essaim, vol. n°12, no.1, 2004, p.85
3 Steiner Philippe, Tutin Christian, “avant-propos”, in Wallerstein, Immanuel, Le capitalisme historique (1983), traduction par Philippe Steiner et Christian Tutin, Editions La Découverte/Poche, 1985, 2011, p.5
4 Valier, Jacques, Brève histoire de la pensée économique d’Aristote à nos jours, Editions Flammarion, 1er ed. 2005, p.19
5 ibid., p.22
6 Où A représente l’argent, M la marchandise et A’ le surcroît d’argent obtenu soit par l’intermédiaire de l’échange soit par les intérêts.
7 ibid., p.26
8 Jessua, Claude, Le capitalisme, PUF, « Que sais-je ? », 2001, 3e ed. 2006, p.36
9 Sur cette question, nous renvoyons le lecteur au texte de M. Weber, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme (1905), dans lequel il défend la thèse selon laquelle il y aurait des “affinités électives” entre le développement du capitalisme et le protestantisme. Par là-même, nous renvoyons au commentaire que réalise C. Triglia (Triglia, Carlo, « Chapitre 3. Capitalisme et civilisation occidentale : Max Weber », in Triglia, Carlo, Sociologie économique. État, marché et société dans le capitalisme moderne, traduit de l’italien par Catherine Drubigny, révisé par Marco Oberti, Armand Colin, Collection U, 1e ed. 2002, pp.54-71) sur ce texte.
10 Vindt, Gérard, 500 ans de capitalisme. LA MONDIALISATION De Vasco de Gama à Bill Gates, Editions Mille et une nuits, 1998, p.6
11 Valier, op. cit., pp.33-34
12 Plus précisément, voici ce qu’en dit G. Vindt : “Inventé par l’historien américain Franklin Mendels en 1972, le terme proto-industrialisation désigne une industrie rurale où un marchand-fabricant de la ville distribue la matière première à des familles paysannes qui la transforment à domicile moyennant un salaire aux pièces. Le produit, souvent semi-fini, passe ensuite entre les mains de compagnons qualifiés en ville puis est expédié vers le marché national ou international, la plupart du temps éloignés du lieu de production. La proto-industrialisation, fort différente de l’artisanat rural local, se développe surtout dans le textile, pour le filage et le tissage du lin, du chanvre, de la laine, de la soie et, plus tard, du coton.” (p.28)
13 Valier, op. cit., p.42
14 Il le définit comme suit : “Les divers degrés d’extension de la division du travail constituent autant de formes diverses de la propriété ; autrement dit, chaque fois qu’elle atteint un nouveau degré la division du travail détermine aussi les rapports des individus entre eux quant aux matériaux, aux instruments et aux produits du travail” (pp.1085-1086). Sachant que chaque mode de travail repose sur une forme particulière de propriété privée des moyens de production.
15 Marx, op. cit., p.1086-1087
16 Duménil Gérard, Löwy Michael, Renault Emmanuel, Les 100 mots du marxisme, PUF, Collection “Que sais-je ?”, 1e ed. 2009, p.81
17 Marx Karl, Engels Friedrich, Manifeste du parti communiste [1848], présentation et traduction par Emile Bottigelli, Edition revue et augmentée par Gérard Raulet, Edition GF-Flammarion, Collection « Champs-Flammarion », 1e ed. 1998, p.76
18 Marx, op. cit. (1982), p.1115
19 Valier, op. cit., p.127
20 Quant au concept de rationalité, nous renvoyons le lecteur à la vidéo de Tranxen qui est des plus didactiques (https://www.youtube.com/watch?v=hnsIQYQjFEs)
21 Clerc, Denis, “L’homo oeconomicus”, in Alternatives économiques, Hors-séries n°006, 2017
22 Vindt, op. cit., p.70
23 Comme le rappel J. Valier, pendant un temps, il est “conseiller du gouvernement britannique” (pp.150-151)
24 Sur ces questions nous renvoyons le lecteur au texte de R. Taouil (2004), et particulièrement aux parties consacrées au modèle IS/LM et au modèle de la récursivité par l’offre.
25 Garnier, Jean-Pierre. « L’invisibilisation urbaine des classes populaires », in L’Homme & la Société, vol. 197, no. 3, 2015, p.179
26 Fontaine François, Malherbet Franck, CDD vs CDI. Les effets d’un dualisme contractuel, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, Collection « Sécuriser l’emploi », 1er ed. 2016, p.27
27 Verdugo, Gregory, Les nouvelles inégalités au travail, Presses de la fondation nationale des sciences politiques, Collection « Sécuriser l’emploi », 1er ed. 2017
28 Taouil, Rédouane, Leçons de macroéconomie, PUG, Collection “Économie en +”, 1e ed. 2001, 2e ed. 2004, p.16
29 ibid., pp.16-17
30 Nous pourrions, avant de proposer notre définition, nous appesantir sur celles données par d’autres. Mais nous faisons le choix d’aller à l’essentiel pour ne pas nous enliser dans des considérations qui pourraient faire l’objet d’un autre article.
31 I. Wallerstein parle de manière très ironique, mais très vrai, de cette logique : “le capitalisme est manifestement absurde. On y accumule le capital, sans autre but qu’une accumulation supplémentaire de capital. Les capitalistes ressemblent à ces souris blanches dans leur roue qui courent toujours plus vite à seule fin de courir encore plus vite.” (p.40). Serait-ce là une nuance à apporter à la rationalité téléologique qui meut le capitalisme ?
32 Marx, Engels, op. cit. (1998), p.73

2 réponses à “Brève histoire du capitalisme”

  1. Avatar de René Jibault

    il me semble avoir lu un livre de J. Attali portant ce titre ou à tout le moins dont une partie portait ce titre.
    Je n’arrive pas à le trouver

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *