Comprendre les mécanismes qui régissent le monde…

Ça veut dire quoi rationalité, rationalisme ?

50 nuances de rationalité

Difficulté : 3/5

Il m’arrive souvent de voir des gens se revendiquer rationnels ou défendre une forme de rationalité, sans définir le terme. Quand on demande, c’est associé à une idée de savoir argumenter, d’avoir une certaine logique, de faire certains calculs (qui se dit ratio en latin), mais c’est pas forcément très clair. Aujourd’hui, on va essayer de voir toutes les définitions que ça peut recouvrir.

Ça n’est ni exhaustif, ni à prétention de remplacer le moindre cours d’histoire des idées. D’ailleurs n’utilisez pas cet article pour des définitions scientifiques. Je mettrais les différents auteurs qui défendent et s’opposent à chacune de ces conceptions, ça pourra être utile pour ceux et celles qui voudront creuser. Plutôt qu’un dictionnaire, j’aimerais passer en revue ce que j’ai compris des différentes utilisations de tout ces mots : rationnel, rationalité, etc.

Regardez bien aussi comment chaque définition se veut descriptive ou prescriptive : est-ce qu’on défend «qu’il faudrait faire ça » ou «que le monde fonctionne comme ça » ? Selon les disciplines ça sera pas vraiment la même chose. Souvent on a affaire à des chercheurs qui cherchent des modèles utiles pour leurs recherches, mais on est jamais vraiment certains que les modèles simplifiés qu’on a créés décrivent correctement la réalité. C’est une des raisons pour laquelle il y a autant de définitions, et ici j’ai surtout gardé les principales.

Philosophie

Le courant Rationaliste a pris beaucoup de formes dans son histoire, mais pour résumer, il y a eu 3 conceptions principales, qui sont des « grandes périodes du rationalisme » :

  • Rationalisme antique : nos sens sont limités et ne permettent que de voir un monde changeant et d’en obtenir des connaissances limitées. Il faut donc comprendre la vraie essence des phénomènes en usant de notre logique pour dépasser le monde matériel et ainsi produire des véritables connaissances.

Défendu par Platon. Dans ce cas ça s’oppose aux sceptiques antique et aux artistotéliciens.

Visage de R. Descartes, B. Spinoza, E. Kant et J. Liebniz
  • Rationalisme moderne : Notre représentation du monde doit être basé sur des principes a priori universels et nécessaires, un socle qui est vrai et qui reste vrai en toute circonstance. Tout est décomposable en suite logique de causes et de conséquences.

Défendu par Descartes et Leibniz. Ça s’opposait à l’empirisme et au scepticisme de l’époque.

  • Rationalisme critique : Se rend compte que notre perception n’est pas absolue, il est impossible de découvrir des vérités transcendantales. Pour connaître un phénomène, la raison seule ne suffit pas : il faut en passer par ces expériences sensorielles imparfaite. On va approximer le réel par une série de théories testables et réfutables.

Défendu par Kant.

À partir de là, la notion de rationalisme sera fortement liée au développement des connaissances scientifiques. Cette vision du rationalisme light est globalement partagé par tous les philosophes des sciences après ça. Pour les points qui font débat plus récent, voir la section Philosophie des sciences.

Économie (micro-économie et économie comportementale)

L’angle des économistes est de regarder les choix que font les individus et les raisons qui motivent ce choix. Ils ne disent rien sur la qualité de l’objectif en lui-même, qui peut être égoïste, altruiste, etc. L’idée est de proposer un modèle type de raisonnement individuel pour ensuite construire des modèles économiques de grande ampleur. Il est important de garder cette donnée en tête : les économistes n’affirment pas que « c’est comme ça que se prennent 100 % des décisions », mais que c’est le modèle le plus efficace pour modéliser l’individu.

  • Rationalité économique (sens premier) : prendre la décision qui maximise notre utilité, c’est-à-dire notre bien-être personnel ou financier, selon un calcul coût/bénéfice. L’individu sait toujours ce qu’il veut et considère toutes les options à chaque situation. C’est le modèle de l’homo œconomicus.

Théorisé par J. S. Mill et V. Pareto, qui l’utilisait pour distinguer une action logique et non-logique.

Dans ce cas, la rationalité est objective. Si quelqu’un d’extérieur et de neutre [1]https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_l%27observateur_id%C3%A9al observait l’individu il serait capable de dire objectivement que c’était la décision optimale à prendre. Puisque ce modèle a rapidement été vu comme trop restrictif, les premiers économistes scientifiques l’ont redéfini :

  • Rationalité économique (sens neo-classique) : décider de choisir les options qui permettent au mieux d’atteindre ses objectifs, selon un calcul coût/bénéfice et des ressources dont on dispose.

Théorisé par Edgeworth et Jevons, reformulé par von Neumann et Morgenstern pour la théorie des jeux.

Malgré ses défauts, ce modèle sera le modèle dominant en économie durant des décennies, en raison notamment de sa simplicité. On finira même par l’appliquer dans plusieurs domaines qui impliquent des choix, au détriment des non-économistes. Un autre modèle de prise de décision est d’abord proposé par Herbert Simon, puis Kahneman et Tversky (voir section Psychologie). Lorsque ces derniers popularisent le terme de biais cognitifs, ils décrivent plusieurs cas où on prend structurellement des décisions imparfaites (non-optimales). Ils installent donc l’idée que nous somme donc régulièrement irrationnels dans la vie de tout les jours.

  • Rationalité procédurale (limité) : l’individu confronté à un problème va puiser dans son vécu pour modéliser des choix et choisir celui qui est le plus efficace. La rationalité est l’ensemble des méthodes pour arriver à des solutions satisfaisantes avec des quantités modestes de calcul. On va essayer d’approximer la réalité, souvent avec de l’intuition/des raccourcis jusqu’à trouver une option satisfaisante. Toutes nos décisions sont sous-optimales, parce qu’on manque d’informations et d’énergie pour réfléchir.

Théorisé par H. Simon, plus tard complété par le modèle biais/heuristique[2]Ou plus précisément, : le modèle biais/heuristique émerge pour la première fois dans l’article de Kahneman et Tversky en 1974. Mais des années plus tard en 1992, ces mêmes chercheurs … Continue reading.

Dans ce cadre, les erreurs qui naissent d’une décision hâtive prise par intuition peuvent rester rationnelles si le coût de l’erreur est inférieur aux bénéfices obtenus en termes d’effort et de temps. Beaucoup d’autres modèles voudront affiner cette idée de rationalité limitée, voir la dépasser, mais ces modèles étant peu implémentés en économie, je vous renvoie aux autres sections.

Histoire socio-économique et Théorie des organisations

  • Rationalisation : utiliser la mesure, la classification et le calcul pour améliorer un procédé. En Europe, cette méthode a profondément transformé toutes les sphères de la vie (travail, droit, foi, échange économique) au cours du 19e siècle notamment. Beaucoup de choses qui avant n’était pas formulées noir sur blanc (loi, théorie sur le fonctionnement) ont commencé à être clarifiées. Ça s’est traduit par un recul des mythes religieux et une montée en puissance de la science, autrement dit un « désenchantement du monde ».

Décrit par Max Weber[3]Mazuir, Françoise. « Le processus de rationalisation chez Max Weber », Sociétés, vol. no 86, no. 4, 2004, pp. 119-124.. Questionné par Horkeimer et Adorno[4]Voir ma vidéo La duplicité de la raison : https://skeptikon.fr/w/orjq1pzRm3Gb2VtKxbx1yq.

Pour une introduction à la critique de l’optimisme de la raison.
  • Rationalisation des dépenses : lorsqu’on va appliquer ce principe de rationalisation à une organisation pour améliorer l’efficacité des dépenses : faire autant en payant moins et/ou faire plus en payant autant.

En sociologie des organisations, les chercheurs Crozier et Friedberg ont développé la théorie de l’acteur stratégique pour voir comment un individu se comporte dans une structure et comment les interactions des uns et des autres produisent la structure.

  • Rationalité limitée : ensemble de stratégie qu’utilise le membre d’une organisation pour améliorer sa capacité à agir, en fonction des contraintes de départ. Il va chercher à s’aménager des marges de manœuvre pour mieux atteindre ses objectifs personnels.

Théorisé par Mintzberg, inspiré de H. Simon (voir rationalité procédurale).

Sociologie de l’action

La sociologie de l’action consiste à décrire les raisons qui font agir les individus. La rationalité peut dans ce cas être comprise comme « le registre des raisons qui entraîne une action ». Dans cette perspective, on évite de postuler qu’une personne agit par pulsion ou par folie[5]Avant la sociologie, il y a eu une controverse en philosophie sur le même sujet. Descartes disait que la rationalité est une capacité à logiquement réfléchir et que tout le monde possédait … Continue reading, mais on cherche à analyser ces raisons d’agir, d’en comprendre les mécanismes. La rationalité est aux cœurs des réflexions des sociologues qui partent avant tout de l’individu et qui construisent leur théorie de l’action par agrégation des interactions personnelles. Ces sociologues sont notamment regroupés dans le courant de l’individualisme méthodologique [6]Une confusion récurrente est de dire que l’IM voudrait « démontrer que l’humain est parfaitement rationnel », or ce n’est pas le cas. Boudon disait que les théories de la rationalité … Continue reading, dont j’ai parlé en vidéo.

Reprenons. Comme grande théorie il y a eu :

  • Théorie du choix rationnel (TCR ou rational choice theory: l’individu sélectionne les meilleurs moyens lui permettant de satisfaire ses objectifs. Meilleurs voulant dire « selon un calcul coût/bénéfice sur les conséquences que l’individu perçoit de chaque option ». La rationalité est donc un instrument pour atteindre ses objectifs, qui se trouvent être majoritairement égoïstes. Ce modèle repose sur 3 hypothèses : l’individu est la base de tout phénomène social, ses actes sont causés par des raisons, et ces raisons on peut les connaître en comprenant le sens que ça a pour lui.

Théorisé par Coleman, inspiré par l’économie néo-classique. Dans ce cas, s’oppose aux courants fonctionnaliste et interactionniste.

Capture d'écran de Hygiène mentale pour illustrer la rationalité instrumentale. Une décision rationnelle est definie comme "la meilleures décision au vue des données disponibles, et une décision rationnelle est à distinguer d'une "bonne décision".

C’est le modèle qu’on retrouve en théorie des jeux (voir rationalité économique), car il propose un modèle facilement modélisable mathématiquement[7]Une autre raison majeure est que le calcul coût/bénéfice remplace toutes les explications qu’on pourrait avoir d’un acte, c’est une explication qui à l’air suffisante. Par exemple ça … Continue reading. Plusieurs sociologues[8]Pour voir un résumé des principales critiques, voir : Ferrière Mathieu, « Les principales critiques de la théorie du choix rationnel », Idées économiques et sociales, 2011/3 (N° … Continue reading, y compris du courant de l’individualisme méthodologique ont critiqué ce modèle parce qu’il n’arrivait pas à bien décrire les comportements dépendants de croyances, ceux fondés sur des prescriptions et les comportements altruistes. Il fallait donc un modèle plus complet de rationalité. Et c’est un Français qui en proposera le modèle le plus abouti.

(Des exemples sont donnés au fur et à mesure dans les notes de bas de page, hésitez pas à cliquer dessus)

  • Théorie de la Rationalité ordinaire (TRO) : Les individus possèdent chacun un ensemble d’objectifs, de valeurs, de représentations, de préférences, de croyances et d’opinions, qu’on va noter X. Ces X vont être justifiées par un système de raisons {S}[9]Le système de raisons est souvent issu de notre vécu. Par exemple, si tous les cygnes que vous avez vus dans votre vie sont blancs {ça c’est le S}, ces expériences seront votre raison de … Continue reading. Lorsque qu’on est confronté à une expérience inédite, on peut être amené à modifier nos raisons de croire, avec un nouveau système de raisons {S’} pour justifier X, ou de directement modifier X [10]Si on voit quelque chose qui ressemble à un cygne noir, soit on modifie notre définition de ce qu’est un cygne pour dire qu’ils ne peuvent être noirs (= on modifie nos catégories pour sauver … Continue reading.

Théorisé par Boudon[11]Boudon, Raymond. La rationalité. Presses Universitaires de France, 2009. Dans ce cas, s’oppose aux courants interactionnistes, économicistes et structuralistes.

Raymond Boudon
Le sociologue Raymond Boudon

C’est intéressant de noter comment Boudon a construit sa définition. Ces histoires de X et de S, ça rend la définition pas évidente à comprendre, mais c’est la seule définition qui ne soit pas réductrice. {S} c’est un système de raisons, qui forment des liens cohérents les uns avec les autres. On ne réduit pas tout au calcul coût/avantage objectif et on rappelle que l’action se base sur des croyances ou des représentations particulières. La rationalité se place donc dans nos raisons de croire au sens large, qui seront la cause de nos actions. Et cette rationalité ordinaire est valable dans tous les contextes, y comprit dans le débat scientifique [12]Si la communauté scientifique doit croire à une théorie plutôt qu’une autre, elle choisit la théorie X qui possède le système d’arguments les plus solides S’, jusqu’à ce qu’une … Continue reading.

  • Cette rationalité se décline ainsi en différentes formes :
    • Rationalité axiologique : le système de raison {S} explique un phénomène et comprend une idée normative. Nos actions vont alors être des moyens pour atteindre un objectif cohérent avec S[13]Si je pense que {l’industrie de la viande est très polluante ; qu’elle est la source d’une grande quantité de souffrance inutile chez les animaux non-humains ; que je veux réduire … Continue reading.
    • Rationalité traditionnelle : l’individu a toujours vécu dans une société où X été accepté, il n’a jamais eu besoin de le remettre en question. Sa socialisation lui a inculqué {S} qui lui fourni les justifications nécessaires.
    • Rationalité utilitariste : en se basant sur {S}, on peut faire un calcul coût/bénéfice et on aura intérêt à adhérer à X.

Remarque : ça n’est pas Boudon qui donne cette liste, contrairement à ce que pouvait laisser entendre ma vidéo sur le sujet.

En sociologie/philosophie des sciences

Un grand débat surnommé « Sciences Wars » a secoué le monde de la recherche autour des années 90-2000, et souvent on schématise les deux camps principaux en Relativistes VS Rationalistes. Dans ce cadre il y a eu énormément d’échanges et de prise de position, difficiles à résumer en quelques mots. Pour schématiser, on peut néanmoins distinguer 2 positions rationalistes :

  • Rationalisme (sens fort ou sens naïf) : les connaissances scientifiques se créer uniquement via l’expérience et la discussion collective qui permettent de trier les théories décrivant le mieux la réalité. Les Lumières ont défini la Raison comme moyen universel de connaître le monde, et il faut préserver ce mode de découverte comme le seul existant.

Popularisé par Sokal et Bricmont, des physiciens qui se sont aventurés hors de leur domaine de compétences [14]D’une certaine manière, cette position fait un retour en arrière et reprend la position des rationalistes d’avant-Kant. Après on a tous plus ou moins eu des positions s’en approchant un … Continue reading. Cette position est contraire à l’idée de scepticisme, qui se fonde sur l’idée qu’on ne peut connaître de manière certaine des vérités.

  • Rationalisme (sens faible ou sens épistémique) : les concepts scientifiques sont universels, précisément parce que leur contenu ne dépend pas (ou très peu) d’un contexte social ou historique. Il existe un ou plusieurs critères simples et universels pour évaluer les théories, distinguant clairement science et non-science. Les croyances scientifiques sont donc par nature différentes des croyances ordinaires (contextuelle) et des hypothèses métaphysiques (in-testables).

Popularisé par Popper voulant dépasser l’empirisme logique [15]https://fr.wikipedia.org/wiki/Empirisme_logique#Critique_de_l’empirisme_logique. Dans ce cas, s’oppose aux courants relativistes et aux différentes théories critiques. Sur la nature des faits scientifiques cette position est très liée à celle du réalisme scientifique.

Ce qui rend cette controverse difficile à suivre, c’est que les opposants du courant rationaliste au sens fort sont parfois des rationalistes au sens épistémique. Certaines positions rationalistes (voir rationalisme critique dans la section Philosophie) sont partagées par grosso modo tous les scientifiques, sinon ils ne feraient pas de recherche. Lorsque des gens s’opposent au rationalisme épistémique[16]La chaîne Hygiène mentale propose comme définition pour cette position : « Qui cherche à mettre en correspondance ses croyances avec les preuves » dans cette vidéo. Si ce … Continue reading (comme Bloor ou Latour[17]Raynaud, Dominique. « Chapitre 1. La métacontroverse des « Science Wars » (1994-2006). Relativisme et rationalisme en sociologie des sciences », Sociologie des controverses … Continue reading) ils questionnent la différence entre croyances scientifiques et non-scientifiques et montrent que beaucoup de concepts sont indissociables de leur contexte ou leur paradigme. Ils ne disent pas « tous se vaut, faire de la science ne sert à rien », mais lors de l’affaire Sokal/Bricmont et les Sciences wars[18]https://zet-ethique.fr/2019/08/04/perspective-sur-laffaire-sokal/, c’est précisément ce que leur opposant leur reprocheront.

Théorie de l’argumentation

Dans le langage courant, un raisonnement est assez proche du fait d’argumenter : « donner des raisons de penser quelque chose ». Habituellement, les disciplines scientifiques qui s’intéressent à l’argumentation décortiquent comment les argumentaires sont organisés, quels arguments sont mobilisés pour convaincre, etc. Et parmi les universitaires concernés, deux ont proposé une vision normative de ce que devraient être un débat rationaliste.

  • Approche rationaliste du débat[19]F. H. van Eemeren & R. Grootendorst, A Systematic Theory of Argumentation: The pragma-dialectical approach, Cambridge University Press, Cambridge, 2004 : une bonne argumentation suit quelques règles (liste non exhaustive) :
    • Un point de départ clair : accord des interlocuteurs sur des prémisses (ce sur quoi on est d’accord) sur lesquelles on peut construire des arguments. Accord des interlocuteurs sur le sujet du débat (ce sur quoi on est pas d’accord) et le rôle de chacun.
    • Les parties d’un débat ne doivent pas s’empêcher mutuellement de soutenir un point de vue, chacun doit pouvoir argumenter sa position. Ce n’est qu’une fois qu’une position a été défendue qu’on peut tenter de la réfuter.
    • Ne pas utiliser d’arguments fallacieux, hors de leur champ de validité. En particulier il ne faut pas attribuer à l’autre partie des prémisses qu’il ne défend pas ou déformer ses arguments.
    • Les arguments qui sont intersubjectivement acceptables sont des arguments basés sur des faits et pas des émotions[20]Ce n’est pas quelque chose qui est évoqué directement par les chercheurs, mais c’est un implicite de leur courant. Beaucoup de chercheur travaillant sur le sujet défendent au contraire que … Continue reading.
    • Conclusion : à la fin de l’argumentation, les points de vue défendus de manière concluante doivent être acceptés, et à l’inverse les autres doivent être rejetés.

Formalisé par Van Eemeren & Grootendorst (courant pragma-dialectique)

Cette approche rationaliste est très fortement normative, elle présente un idéal de “bonne argumentation”, et les règles d’une discussion critique pour des discutants rationnels, qui sont particulièrement difficiles à appliquer au quotidien [21]Voir la synthèse d’Ephiscience sur l’esprit critique avec une partie sur l’argumentation : https://www.estim-mediation.fr/v2/wp-content/uploads/2021/04/Argumentation-et-esprit-critique.pdf.

Sur la pensée critique

Plein de chercheurs de plein de disciplines réfléchissent depuis des années pour savoir ce qu’est la pensée critique, sur ce qu’elles devraient être pour qu’on puisse la développer chez les gens, et chaque définition soulève des enjeux différents. Je ne pense pas être en mesure de vous retransmettre les débats de chaque courant théorique, mais seulement une seule : les sciences de l’éducation. Parce que moi j’aimerais vraiment qu’on transmette l’esprit critique, qu’on puisse le développer dans une grande part de la population, donc pour ça il faut le connaître et trouver des définitions opérationnelles. Et dans les questionnements sur le concept, on retrouve les rationalistes, j’y arrive.

Il y a quelques points qui font consensus parmi les chercheurs (majoritairement des chercheuses) en science de l’éducation, le fait que la pensée critique inclut des compétences (comme l’évaluation de la crédibilité d’une source) et d’autre part à un ensemble de dispositions (curiosité, humilité). Et en plus de ces points qui font consensus, certains vont plus loin :

  • Le courant rationaliste pense que la pensée critique permet d’avoir de meilleur croyances et de prendre de meilleures décisions à titre individuel. Grâce à de meilleures compétences en épistémologie, chacun pourra mieux trier l’information et indexer ses croyances à la réalité.

Dans ce cas, se développe en parallèle des courants matérialistes et la pédagogie critique[22]Charlotte Barbier est une chercheuse en science de l’éducation dont le travail de thèse est de clarifier les différentes visions de l’esprit critique. Pour une introduction aux différences, … Continue reading.

Psychologie

La philosophie rationaliste définissait la raison comme le propre de l’humain adulte. Un bébé est incapable de raisonnements complexes, un animal n’a pas conscience de se reconnaître quand il voit son reflet, etc.

  • La Raison (sens cartésien) : faculté de connaître, juger et se conduire selon des principes, des manières de penser permettant de bien agir et de bien juger.

Théorisé par Descartes, ça s’oppose à l’instinct, aux sentiments ou la folie.

Les premiers psychologues, notamment les psychologues du développement, ont développé des visions plus précise de la raison et par extension de la rationalité.

  • Raison : capacité de connaître ou de comprendre la complexité des phénomènes auxquels on est confronté, en créant des liens de cause à effet (si A alors B). Capacité à prendre des décisions et évaluer un argumentaire.
  • Rationalité : processus de traitement de l’information, l’usage de raison pour agir et atteindre différents objectifs.

Définitions partagées par Skinner et Piaget, qui n’étaient pas d’accord sur « comment se forme cette rationalité au cours de la vie ».

Par la suite, des chercheurs vont utiliser ce concept de raison pour étudier un fait psychologique particulier. Citons-en 2 :

  • Rationalisation : être capable de donner des causes qui nous ont fait croire ou agir d’une certaine manière. Parfois on arrive à se convaincre qu’on a agi de la bonne manière à rebours, c’est-à-dire qu’on « s’invente des raisons d’avoir agi comme ça », alors que sur le moment on n’aurait pas pu donner ces raisons[23]Tsang, Jo-Ann. « Moral Rationalization and the Integration of Situational Factors and Psychological Processes in Immoral Behavior ». Review of General Psychology, vol. 6, no 1, mars 2002, … Continue reading. C’est l’un des moyens pour le cerveau de « neutraliser la culpabilité », de réduire ses dissonances cognitives.

Théorisé par Festinger.

  • Théorie du raisonnement : une théorie qui essaie de comprendre comment l’humain utilise sa raison : plutôt par induction, déduction, inférence… Cette théorie est toujours en lien avec un modèle général du fonctionnement humain, une certaine épistémologie, etc.

Exemples : le bayésianisme ; la théorie des modèles mentaux.

Le concept de rationalité en psychologie a évolué avec celle de la sociologie et de l’économie, avec parfois une longueur d’avance sur cette dernière. Ce sont en effet deux psychologues (Tversky et Kahneman) qui ont révolutionné la manière dont on voyait la rationalité chez l’individu, en introduisant la notion d’heuristique, ces raccourcis de pensée qui débouchent sur des décisions « probablement bonnes » pour l’individu.

Au sein de la psychologie même, différentes approches coexistent actuellement sans forcément se contredire frontalement. Aucune des théories avancées ne fait l’unanimité, la recherche est aujourd’hui en quête d’une théorie unifiée. Voyons donc les trois approches principales :

Une courbe illustrant la théorie de Kahneman et Tversy. L'axe vertical est plaisir/inconfort, l'horizontal perte/gain.

La courbe dans le quart "Perte-Inconfort" descend beaucoup plus vite qu'elle ne monte dans le quart "Plaisir-Gain".
On trouve dans cette théorie les biais comme celui de l‘aversion à la perte.
  • Rationalité (approche Heuristiques et biais) : Les individus font un calcul (conscient ou pas) pour prendre leurs décisions. Le calcul se fait autour de 2 axes : pertes/gains et inconfort/plaisir. On peut voir des récurrences dans les manières de penser qui conduisent tous les individus à faire le même type d’erreurs, qu’on pourra potentiellement contrer si on en a conscience. Par exemple on a tous une aversion à la perte qui nous rend moins enclins à prendre des risques. Les heuristiques sont donc parfois une source de déviation (de biais) de la manière de penser mathématiquement optimale.

Théorisé par Kahneman et Tversky

  • Rationalité comme héritage évolutif (théorie argumentative du raisonnement) : la raison est l’ensemble des outils qui nous permettent de convaincre les autres, et ça a été un avantage évolutif majeur, ce qui en a fait un trait hérité jusqu’à nos jours[24]Ce modèle est intéressant mais pose problème, puisqu’il comporte des hypothèses non-testables, comme souvent avec l’évopsy. Voir Wallace, B. (2013). Getting Darwin wrong: Why evolutionary … Continue reading.

Théorisé par Sperber et Mercier.

  • Rationalité écologique : notre cerveau s’adapte en permanence à son environnement, et créer ou affine des schémas mentaux efficaces. Les heuristiques constituent une stratégie efficace pour prendre des décisions “au doigt mouillé” dans une situation d’incertitude. Si on dispose de plus d’information et de temps, on pourra mettre à l’épreuve ces intuitions et faire preuve de meta-cognition, mais la décision finale sera rarement différente.

Théorisé par Gigerenzer [25]Pour en savoir plus, voir la synthèse d’Ephiscience sur l’esprit critique et notamment la partie Heuristique et biais cognitifs  : … Continue reading.

Mathématique

Un nombre est rationnel s’il peut être écrit sous la forme d’une fraction/une division de nombre entier.

Exemple : 1,5 peut s’écrire sous la forme 3/4. Alors que π ne peut pas être écrit sous la forme d’une fraction. 1,5 est donc un nombre rationnel, π est irrationnel.

Théologie

  • Rationalisme : Les croyances religieuses et les valeurs morales sont fondées sur l’usage de la raison, non sur une révélation ou la simple foi.

Défendu par Descartes. S’oppose au fidéisme.

Architecture

  • Rationalisme : mouvement architectural où il est admis que la science et la technique sont porteuses de valeurs. Toute ornementation est bannie : les formes doivent être au service exclusif des fonctions, par exemple la forme d’un pont sera avant tout décidé pour sa efficacité et non son aspect esthétique.

Théorisé par Léonce Reynaud.

Le palais de la civilisation du travail, à Rome.
Le palais de la civilisation du travail (Rome), un exemple d’architecture Rationaliste.

Autre

Beaucoup de débats philosophiques ont concernés la rationalité des croyances. Deux visions semblent traverser l’histoire des idées.

  • Rationalité d’une croyance validée par des conditions objectives : être rationnel c’est croire des théories qui sont vraies. C’est simple à dire, mais en pratique, il est souvent impossible de prouver que quelque chose est vrai quel que soit le contexte. Mais s’approcher d’une vision du monde « plus vraie » en cherchant des critères peut être intéressant. Une fois ces critères trouvés, on peut juger objectivement si une personne a « raison de croire » quelque chose.

On retrouve ça dans la Théorie de la vérité-correspondance et dans l’analyse coût-avantage.

  • Rationalité d’une croyance validée par des raisons subjectives : les raisons qui poussent une personne à croire sont plus ou moins convaincantes dans un système donné, un contexte qui lui est propre. Cette conception est donc en perpétuelle évolution, puisque les croyances sont interconnectées.

On retrouve ça dans la Théorie de la vérité-cohérence et dans les Sciences humaines et sociales modernes (voir les section Sociologie et Économie).


J’ai écrit les définitions de l’article en m’inspirant surtout de ce que je pouvais voir dans la recherche. D’ailleurs merci à Philoxime, D. Raynaud, Vinteuil, les membres d’Ephiscience pour leur conseil de lecture, et à Gwen et Camille pour leur relecture.

Mais il existe encore des définitions que j’ai pu croiser et qui méritent qu’on s’y attarde :

  • Rationalité appliquée : chercher à fonder sa connaissance sur le niveau de preuve disponible, chercher à mettre en adéquation ses actions avec ses objectifs.

Théorisé par Julia Galeff, popularisé en France par les chaînes Science4All et Hygiène mentale.

Des principes intéressants, mais qui sont purement normatifs dans le sens que ça décrit ce qui faudrait que tout le monde fasse et ne part pas de comment on fonctionne réellement. De plus tout le monde est d’accord avec ces principes, du coup ça ne dit rien en soi. Je ne peux pas être contre les objectifs décrits, mais pas de quoi en faire un courant de pensée consistant.

  • Conception rationaliste-libérale du débat public (Le marché des idées) : le monde est un marché, nous somme confronté à des idées et nous allons toujours vers les croyances les plus rationnelles à croire, c’est-à-dire les plus « bonnes et justes ». Si l’État n’est pas autoritaire, il peut laisser le marché de l’information se gérer tout seul, les meilleures idées émergeront d’elles-mêmes.

Théorisé par John Stuart Mill, concept repris par Oliver Wendell Holmes Jr (justice américaine) Milton Friedman (économie) et par Gérald Bronner (sociologie).

Cette conception est purement idéologique, ne repose sur aucune observations empiriques convaincantes ou une épistémologie valable, mais a servi à justifier[26]https://scholarship.law.duke.edu/dlj/vol33/iss1/1/ beaucoup de politiques de dé-régulations (médias) ou de régulation (internet). C’est également une conception qui peut facilement être détournée par les propagandistes pour défendre leur point de vue au nom de la liberté d’expression.

  • Rationalité instrumentale pure : la rationalité est un moyen pour l’individu d’atteindre ces objectifs, car pour chaque choix il effectue un calcul coût/avantage, et cela vaut pour tout, y comprit la recherche scientifique.

Théorisé par G. Radnitzky [27]https://www.jstor.org/stable/430352031987, critiqué par Boudon (voir la section Sociologie de l’action)

L’idée est de réduire la rationalité à la rationalité instrumentale, y comprit dans le fait qu’on croit à quelque chose pour des bonnes raisons rationnelles. Mais comment déterminer ce qui est une bonne raison de croire ? Comment savoir que les moyens choisis sont les moyens objectivement adaptés pour répondre à nos objectifs ? Des philosophes comme B. Russell ont tenté (sans trop de succès) de trouver des critères objectifs à ces « moyens adaptés ».

G. Radnitzky, philosophe des sciences, membre de la Société du Mont-Pèlerin (au côté de Popper, Friedman) a proposé de ramener l’adhésion aux théories scientifiques à un calcul coûts-bénéfice. L’homme de science arrêterait de croire à une théorie dès lors que les objections qu’on lui oppose lui rendent sa défense trop « coûteuse ». Là encore, c’est juste qu’on essaye d’appliquer la TCR à un domaine et on essaie de faire coller les hypothèses à la réalité, mais ça ne prend pas. Ni les historiens des sciences, ni les sociologues, ni les psychologues n’ont été convaincus par ce modèle.

Il a forcément dans la rationalité une dimension cognitive, c’est-à-dire qu’on fait des choix et qu’on fait des actions parce qu’on croit à quelque chose. Et c’est pour ça qu’en sociologie par exemple la TCR a fini par être dépassée pour rendre compte correctement des phénomènes étudiés.

Réferences

Réferences
1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Th%C3%A9orie_de_l%27observateur_id%C3%A9al
2 Ou plus précisément, : le modèle biais/heuristique émerge pour la première fois dans l’article de Kahneman et Tversky en 1974. Mais des années plus tard en 1992, ces mêmes chercheurs développeront la Théorie des perspectives cumulatives qui reprend, contrairement au projet de Herbert Simon, la référence à une rationalité pure et parfaite. Les biais sont ainsi vu comme une déviation de la bonne manière de réfléchir, l’optimale rationalité qui n’existe pas en pratique. Autrement dit, Simon voulait renouveler le concept pour le rendre purement descriptif, le modèle biais/heuristiques l’affine mais le rend à nouveau partiellement normatif. Pour plus d’info, voir : https://www.cairn.info/revue-de-philosophie-economique-2021-1-page-107.htm
3 Mazuir, Françoise. « Le processus de rationalisation chez Max Weber », Sociétés, vol. no 86, no. 4, 2004, pp. 119-124.
4 Voir ma vidéo La duplicité de la raison : https://skeptikon.fr/w/orjq1pzRm3Gb2VtKxbx1yq
5 Avant la sociologie, il y a eu une controverse en philosophie sur le même sujet. Descartes disait que la rationalité est une capacité à logiquement réfléchir et que tout le monde possédait cette capacité. Mais ces raisons d’agir pouvaient être perturbées par nos perceptions imparfaites de la réalité et nos émotions. Cette vision rationaliste s’oppose à celle défendue par exemple par Spinoza qui analyse l’action au prisme des affects (émotions, sensations, etc). La controverse a été en quelque sorte tranchée des siècles plus tard lorsque les neurosciences ont donné raison à la vision spinoziste : il n’y a pas une spécialisation des neurones entre les raisonnements rationnels ou émotionnels, c’est une distinction qui ne repose sur rien de concret.
6 Une confusion récurrente est de dire que l’IM voudrait « démontrer que l’humain est parfaitement rationnel », or ce n’est pas le cas. Boudon disait que les théories de la rationalité « ne démontrent pas que l’être humain est rationnel, mais que les comportements sociaux de l’individu doivent être analysés sauf preuve du contraire comme rationnels ».
7 Une autre raison majeure est que le calcul coût/bénéfice remplace toutes les explications qu’on pourrait avoir d’un acte, c’est une explication qui à l’air suffisante. Par exemple ça fait passer un comportement altruisme comme de l’égoïsme déguisé dont n’aurait pas vraiment conscience les individus.
8 Pour voir un résumé des principales critiques, voir : Ferrière Mathieu, « Les principales critiques de la théorie du choix rationnel », Idées économiques et sociales, 2011/3 (N° 165), p. 37-45. URL : https://www.cairn.info/revue-idees-economiques-et-sociales-2011-3-page-37.htm
9 Le système de raisons est souvent issu de notre vécu. Par exemple, si tous les cygnes que vous avez vus dans votre vie sont blancs {ça c’est le S}, ces expériences seront votre raison de croire au fait que les cygnes sont blancs (ça c’est le X).
10 Si on voit quelque chose qui ressemble à un cygne noir, soit on modifie notre définition de ce qu’est un cygne pour dire qu’ils ne peuvent être noirs (= on modifie nos catégories pour sauver notre croyance), soit on accepte que les cygnes peuvent être noirs ou blancs (on modifie notre croyance).
11 Boudon, Raymond. La rationalité. Presses Universitaires de France, 2009
12 Si la communauté scientifique doit croire à une théorie plutôt qu’une autre, elle choisit la théorie X qui possède le système d’arguments les plus solides S’, jusqu’à ce qu’une meilleure théorie Y n’émerge. En tout cas c’est la règle qui marche sur le temps long.
13 Si je pense que {l’industrie de la viande est très polluante ; qu’elle est la source d’une grande quantité de souffrance inutile chez les animaux non-humains ; que je veux réduire la souffrance inutile autant que possible} alors j’ai pour objectif X de réduire ma consommation de viande. Dans mon exemple, les deux premiers éléments sont des croyances factuelles et le fait de vouloir réduire la souffrance est la croyance normative.
14 D’une certaine manière, cette position fait un retour en arrière et reprend la position des rationalistes d’avant-Kant. Après on a tous plus ou moins eu des positions s’en approchant un jour, vu que c’est un peu la position qui paraît la plus évidente au premier abord quand on se pose ces questions pour la première fois. Il est assez rare de trouver des philosophes des sciences contemporains qui défendent cette position.
15 https://fr.wikipedia.org/wiki/Empirisme_logique#Critique_de_l’empirisme_logique
16 La chaîne Hygiène mentale propose comme définition pour cette position : « Qui cherche à mettre en correspondance ses croyances avec les preuves » dans cette vidéo. Si ce qu’il dit dans la vidéo est très intéressant sur la prise de décision, il parle de quelque chose d’autre que ce dont il est question ici.
17 Raynaud, Dominique. « Chapitre 1. La métacontroverse des « Science Wars » (1994-2006). Relativisme et rationalisme en sociologie des sciences », Sociologie des controverses scientifiques. Éditions Matériologiques, 2018, pp. 55-86.
18 https://zet-ethique.fr/2019/08/04/perspective-sur-laffaire-sokal/
19 F. H. van Eemeren & R. Grootendorst, A Systematic Theory of Argumentation: The pragma-dialectical approach, Cambridge University Press, Cambridge, 2004
20 Ce n’est pas quelque chose qui est évoqué directement par les chercheurs, mais c’est un implicite de leur courant. Beaucoup de chercheur travaillant sur le sujet défendent au contraire que l’argumentation implique nécessairement contradiction et/ou conflit, et qu’en pratique l’émotion en faisait nécessairement partie. Cf https://halshs.archives-ouvertes.fr/halshs-01580439
21 Voir la synthèse d’Ephiscience sur l’esprit critique avec une partie sur l’argumentation : https://www.estim-mediation.fr/v2/wp-content/uploads/2021/04/Argumentation-et-esprit-critique.pdf
22 Charlotte Barbier est une chercheuse en science de l’éducation dont le travail de thèse est de clarifier les différentes visions de l’esprit critique. Pour une introduction aux différences, voir sa conférence au Comité para : https://skeptikon.fr/w/4J25WsywZNVqpiCjfboF1z
23 Tsang, Jo-Ann. « Moral Rationalization and the Integration of Situational Factors and Psychological Processes in Immoral Behavior ». Review of General Psychology, vol. 6, no 1, mars 2002, p. 25‑50.
24 Ce modèle est intéressant mais pose problème, puisqu’il comporte des hypothèses non-testables, comme souvent avec l’évopsy. Voir Wallace, B. (2013). Getting Darwin wrong: Why evolutionary psychology won’t work. Andrews UK Limited.
25 Pour en savoir plus, voir la synthèse d’Ephiscience sur l’esprit critique et notamment la partie Heuristique et biais cognitifs  : https://ephiscience.org/assets/documents/Synth%C3%A8se_EEC_V2_Publique.pdf
26 https://scholarship.law.duke.edu/dlj/vol33/iss1/1/
27 https://www.jstor.org/stable/430352031987

2 réponses à “50 nuances de rationalité”

  1. […] reading. Là encore c’est un problème de ne pas définir des mots aussi polysémiques que rationnel : chacun y voit quelque chose de différent, et on a vite fait de conforter les préjugés des uns […]

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