Comprendre les mécanismes qui régissent le monde…

Le traitement médiatique des sondages, double naufrage ?

Depuis plusieurs années en France, les sondages sont devenus omniprésents dans les médias. Malgré leurs méthodes de plus en plus connus, leur place dans le débat public n’est toujours pas remise en question. Faisons un état des lieux, et attardons-nous sur les problèmes que cela pose.

Difficulté : 4/5

[Originellement écrit en 2019, légère MAJ en 2024]

Introduction

Partout à la télévision et à la radio, quand on parle de politique ils sont là… : les sondages ! On s’en sert pour « repartir du réel », prendre en compte l’avis de « l’opinion publique », ils sont là sur tous les sujets Il se présente comme un outil utile qui pourrait permettre d’éclairer un débat et le rendre plus constructif. C’est ce qu’on pourrait croire naïvement, et ainsi considérer que les sondages ont un grand rôle à jouer dans le débat démocratique, donc toute leur place dans les médias. Certes, ils ont des défauts, et comme tous les outils, certains s’en servent mal, mais on ne pourrait pas s’en passer. Mais qu’en est-il de la réalité ?

Semaine épouvantable : pas un seul sondage d’opinion. Tant pis, nous essaierons de deviner tout seuls nos propres intentions.

André Frossard

Les sondages étaient au départ pensés comme un outil statistique permettant d’estimer une caractéristique chez une population trop large pour produire des statistiques complètes. Pour cela on se base sur un échantillon représentatif, qui pourra donner une estimation de résultat dans la population globale plus ou moins un intervalle de confiance, on y reviendra. Cette technique est née au début du XXe siècle aux USA, et a tout de suite été prisé dans le monde de la politique et du marketing. Ainsi, les sondages ont commencé à devenir de plus en plus parti-prenante dans la vie politique des différentes démocraties représentatives : à chaque nouvelle élection, chaque nouveau scrutin, chaque événement politique, on sort des sondages. Plein de sondages, et sur tous les sujets : sur la popularité de tel ou tel figure, sur les intentions de vote (et les évolutions de ses derniers), etc. On peut élargir la focale au sondage non politique, comme les sondages sur la coupe de cheveux d’un ministre [1]https://www.lexpress.fr/actualite/politique/ps/matignon-a-depense-des-milliers-d-euros-pour-des-sondages-sur-l-image-de-valls_1898910.htmlou le temps qu’il va faire demain.

Livre d’A. Garrigou aux éditions La Découverte, bon état des lieux de la situation

Et la France n’est pas en reste, on peut parler d’une véritable « ivresse des sondages »[2]Alain Garrigou. L’ivresse des sondages. La Découverte, Paris, 2006.. En France on sort des centaines de sondages par an, au point que se pose la question de la pertinence : est-ce que tous ces sondages sont nécessaires, ou même utiles ? Pour les produire, beaucoup de moyens sont déployés, parfois publics. Mais aujourd’hui je veux aussi interroger sur la place des sondages dans le débat politique actuel. Le problème des sondages, c’est leur méthode, ou les effets que ces sondages vont produire sur le débat politique du moment ? On peut traiter cette question en prenant une multitude de cas d’études. On se concentrera sur le champ politique français récent, et on s’appuiera sur un certain nombre d’études permettant d’avoir un regard critique sur le traitement médiatique actuel de ces sondages. Il faut toutefois préciser qu’il s’agit plus d’un travail exploratoire : je ne prétends pas faire le tour du sujet en quelque ligne, ni proposer des réponses définitives.

Les défauts dans la méthode

Depuis que le sondage existe, il est en concurrence avec la sociologie. Une science qui travaille, entre autres choses, sur la mesure de l’opinion. La principale différence se trouve dans la rigueur des méthodes utilisée. La plupart des sondages posent une ou plusieurs questions à un échantillon de personne ; avec un panel de réponse, le plus souvent donnant quelques nuances dans une réponse, mais c’est surtout du Pour/Contre. Quelques exemples de questions classiques : êtes-vous favorable à la politique actuelle du gouvernement ? Que pensez-vous de cette personnalité politique ? Vous pensez voter pour lui aux prochaines élections ? Et les quelques réponses proposées sont souvent quelque chose comme : Très favorable, favorable, sans opinion, défavorable, très défavorable. Pour n’importe quel sociologue, cette méthode pose un certain nombre de problèmes méthodologiques.

Quand un sociologue voit un sondage d’opinion

Dans l’un de ses plus célèbres article, Pierre Bourdieu pointait déjà des problèmes posés par la méthode des sondages [3]Pierre Bourdieu. L’opinion publique n’existe pas. Les temps modernes, (318) : pp. 1292–1309, Janvier 1973. D’abord il y a le problème de l’échantillon : ce n’est pas simple d’avoir un échantillon qui représente fidèlement l’ensemble de la population francaise. Garder la proportion de CSP, de classe d’âge, et de quelques variables basiques, c’est bien mais ce n’est qu’une des composantes d’un travail d’échantillonnage sociologique. Les gens qui répondent aux sondages masque les opinions des personnes qui n’y ont pas répondu. D’ailleurs, ce problème se renforce par les sondages réalisés en ligne [4]J’inclus dans cette analyse les problèmes soulevés par les continuateurs de Bourdieu, lui ne parlait pas de ce problème dans les années 70, évidemment., où les sondés auront encore plus de chance de mentir sur leurs caractéristiques sociales ou leurs opinions, ce qui crée des mesures aux marges d’erreurs énormes[5]L’idée des quotas est qu’à partir de 1000 personnes on peut obtenir une idée déjà assez précise de la population plus générale. C’est un peu vrai, mais lorsqu’on veut mesurer des … Continue reading. Si on rajoute à ça le fait que ces sondages en ligne sont souvent rémunérés, la possibilité pour que les résultats obtenus soient tout bonnement faux est non négligeable.

Il y a trois types de mensonges : les mensonges, les sacrés mensonges, et les statistiques.

Benjamin Desraeli

Ce n’est pas tout : si les sondages sont quotidiens (comme c’est le cas en période électorale), il est fréquent que l’échantillon change d’un jour à l’autre. Et qu’il soit représentatif ou non, ça pose le problème de la continuité : on mesure des changements réels ou on sur-interprète ? Un autre problème est celui de la neutralité du sondage : un sondage veut produire une sorte de « photo de l’opinion » à un instant T. Mais quid des gens qui n’ont pas d’opinions tranchées ? Lorsqu’on parle de politique, le moment où l’on nous pose la question peut fortement influencer nos réponses : une affaire judiciaire sur un candidat qui vient de sortir, un attentat qui provoque des débats sur tel ou tel sujet, ce qui avantagera tel ou tel famille politique, etc. Chaque jour est un contexte politique différent, qui fait varier légèrement l’opinion des individus et place un thème comme plutôt central ou plutôt marginal. Pour ce qui est du vote, certains instituts de sondages produisent des rolling, qui « lissent » ces résultats du jour en prenant en compte les résultats des jours précédents. Alors oui c’est mieux, mais ça reste une technique artificielle qui informe peu sur ce qu’il se passera le jour du vote par exemple.

Méthode du rolling illustrée [6]https://www.ifop.com/la-methode-rolling/

Si le moment où l’on pose la question est important, sa formulation l’est encore plus. Un choix de mot est rarement objectif, et la question non plus, ce qui entraînera régulièrement des effets de cadrage : la question oriente la réflexion et la réponse, impose une perspective aux sondés. Comme le dirait Entman :

« Encadrer consiste à sélectionner certains aspects d’une réalité perçue et à les rendre plus saillants dans une communication, de manière à promouvoir une définition particulière d’un problème, une interprétation causale, une évaluation morale et une recommandation de solution pour l’élément décrit »

Entman, R.M. (2010). « Media framing biases and political power : Explaining slant in news of Campaign 2008 ». in Journalism, 11(4), 389-408.3

Sur certains sujets, il est quasiment impossible d’éviter ce genre d’effet de cadrage, parce qu’aucun mot n’est neutre : vidéo-surveillance/vidéo-protection, pro-vie/pro-choix, charges/cotisations, etc. Et il y a plus : si une question cadre une réponse, elle va aussi influencer l’état d’esprit du sondé, donc ses réponses suivantes. Les instituts de sondages n’ont pas d’agenda politique, mais leurs clients en ont, eux. Ce sont des grandes entreprises, des médias possédés ou financés par des grands groupes financier, ou alors ce sont les partis politiques directement. En tant que prestataires, les IFOP, Elable et compagnie auraient tort de froisser leur financeur, c’est pourquoi les effets de cadrage sont monnaies courante. Si bien qu’on peut parler parfois d’une « fabrique de l’opinion »[7]Loïc Blondiaux. La fabrique de l’opinion : une histoire sociale des sondages. Science politique. Seuil, Paris, 1998.. Les sondages participent à produire des avis autant qu’à les recueillir.

Cet effet de cadrage induit par le commanditaire se mêlent souvent avec des cadrages dans la présentation des résultats. Un sondage OpinionWay de 2014 donnait 69% de français comme étant « favorable à l’exploitation du gaz de schiste ». Or un sondage BVA de la même année donnait via Le Monde « Plus de 60% des Français contre l’exploitation du gaz de schiste ». Pourquoi un tel changement, en quelques mois à peine ? Tout simplement parce que chaque commanditaire et commentateur agrégeaient les résultats comme ça l’arrangeait le mieux. Par exemple Greenpeace, commanditaire de la seconde étude, ont additionné les 31% de « tout à fait » opposés à son exploitation, et les 31% « plutôt opposés » pour arriver à « 62% sont contre ! ». Il y a là un cas classique de raisonnement motivé : on voit dans les résultats la confirmation de ce qu’on pensait précédemment.

On pourrait encore développer longtemps sur ces défauts intrinsèques de la méthode sondagière, mais je me permets d’insister sur un point. Si une personne n’a que peu de connaissances sur le monde institutionnel, les sciences économiques, les conséquences de telle ou telle politiques, comment peut-on la considérer compétente pour répondre à de grandes questions ? En démocratie, on considère que chaque citoyen est capable de construire un avis éclairé, mais si et seulement si on lui donne tous les éléments, tenant et aboutissants, d’un sujet précis, et qu’on lui laisse le temps de la réflexion. S’informer, réfléchir et participer à la vie démocratique, c’est le devoir républicain qu’on suppose que les gens font quand on produit un sondage, ce qui est discutable. Lorsqu’on recueille la parole de quelques sondés, en ligne ou par téléphone, on force les gens à donner une opinion qu’ils n’ont pas forcément. Si en sociologie ont essaie de limiter les biais, prendre les résultats avec réflexivité et méthode, les sondages ne s’en embarrassent pas.

D’où vient vraiment le problème ?

Si les défauts des sondages sont connus, depuis plusieurs années maintenant, on peut se poser la question : est-ce si grave d’en parler ? Si tout le monde avait conscience des limites de la chose, où est le soucis ? Je peux donner un début de réponse a cette question, mais il faut qu’il soit contextualisé. C’est Frédéric Lordon qui à posé la question après l’élection de Donald Trump et l’arrivée dans le débat médiatique des Fake News. A l’époque, le constat de plusieurs journalistes étaient que cette campagne (et avant elle, celle du référendum sur le Brexit) avait été pollué et faussé par un certain nombre de fausses rumeur et d’intox, regroupé sous l’appellation générale « Fake News« . Les journalistes américains comme britanniques (et ensuite français) ont pourtant fait tout un travail de vérification pour contrer ses contre-vérités [8]Citons par exemple les Décodeurs du Monde. Ce travail, appelé fact-checking, semble salutaire pour éviter qu’une rumeur non fondée change l’opinion des citoyens. Malgré ça, des électeurs américains ont changés leur vote après l’affaire du Pizza Gate ou des armes prétendument vendues à L’EI[9]Pour une analyse plus documenté de l’impact de ces affaires, voir Aaron Blake, « A new study suggests fake newsmight have won Donald Trump the 2016 election » The Washington Post April 3, 2018.

Je déteste Trump, mais pour des journalistes qui se prétendent non-partisants je trouve ça un peu orienté quand même…

Ces journalistes se désolent donc que les citoyens ont « mal voté », que les médias traditionnels ne sont plus crus, constamment critiqués[10]Une enquête Kantar Sofres/Kantar Média de février 2017 montre en effet une constante baisse de la confiance accordée aux médias depuis 2015, y compris par les politiques eux-même[11]Rosen, Jay. « Why Trump Is Winning and the Press Is Losing ».The New York Review of Books, 25 avril 2018. On serait donc, avec Internet et les réseaux sociaux, rentré dans une nouvelle ère, où les rumeurs font le vote, donc la loi : l’ère dela post-vérité [12]Ralph Keyes, The post-truth era : dishonesty and deception in contemporary life. St. Martin’s Press, New York, 1st ed edition, 2004.. Mais dans un article paru sur le site du Monde diplomatique, Frédèric Lordon est venu apporté son opinion critique sur cet état de fait. Pour lui, il faut certes lutter contre les fausses informations, mais il faut rappeler que les intox et les diffamations ont toujours exister, et oui elles ne sont pas souhaitable en démocratie. Mais clamer que les journaliste ont bien fait leur travail et que cette situation viendrait d’internet et des politiques peu scrupuleux, prêt à tous pour être élus, ça c’est pour Lordon une contre-vérité.

F. Lordon

Le fact-checking serait un manière détournée de ne pas se remettre en question pour un corps de métier qui en aurait pourtant bien besoin. Pour lui, le champ des journalistes est de moins en moins capable de « bien » parler de politique. Il accuse donc ces journalistes d’être, eux, dans un « journalisme post-politique ». Et je parle des journalistes comme d’agents pensants, qui évoluent dans un certain champs. Et c’est de ce dernier dont vient les contraintes du métier et par conséquent, il détermine en grande partie le traitement médiatique des sondages. Et c’est pour cela qu’un peu de sociologie des médias va nous être utile ici. Des auteurs comme Bourdieu [13]Pierre Bourdieu. Sur la télévision : suivi de L’emprise du journalisme. Raisons d’agir. Liber éditions, Paris, 1996. et dans son sillage Halimi[14]Serge Halimi. Les nouveaux chiens de garde. Raisons d’Agir Éd, Paris, nouv. éd. actualisée, 2005. on observé la convergence idéologique et sociologique dans le monde du champ des journalistes. Venant des mêmes écoles, puis défendant les mêmes idées (comme le libéralisme économique), ces journalistes installés vivent de plus en plus dans un entre-soi qui les coupe du terrain et des opinions existantes (ou existante hors des milieux bourgeois). La manière de traiter l’information sera alors de plus en plus orienté, non pas de manière volontaire, tel une manipulation d’un groupe secret ; mais plutôt de manière inconsciente, par des journalistes n’ayant que leur rationalité limitéepour traiter l’information.

J’ai parlé de ce sujet dans ma vidéo Comment juger une Théorie/ un Argument – DEO #5

Au final, les journalistes, surtout les plus célèbres, n’envisage plus correctement les différentes positions politiques dans un débat, dans ce qu’elles ont de diverses et de nuancées… alors qu’il s’agit pourtant du principe même du journalisme politique ! Certaines opinions seront caricaturées car mal comprise, et on opposera les différents avis de manière binaire alors qu’il faudrait toujours les voir comme des continuum. On reviendra plus tard sur le pourquoi, mais on peut déja rappeler que la concurrence fait rage entre les médias, ce qui n’encourage pas les journaliste à prendre leur temps, bien au contraire. Appliquée au sondage, cette critique trouve une forte illustration : la pluralité des opinions est réduite à quelque réponses simples (et/ou simplistes), les questions orientent les réponses, et toujours dans un sens qui valident une certaine doxa du moment. On retrouve bien les caractéristiques décrite par Halimi et Bourdieu quand on essaie de faire une analyse des origines sociales des sondeurs médiatisés. Dans une enquête faite par (et pour) le site Acrimed, Blaise Magnin et Denis Souchonont analysés que ces sondeurs sont le plus souvent des hommes blancs sortant de Science Po (Paris), passant tous par une dizaine d’instituts [15]L’article complet est disponible sur le site d’Acrimed : https://www.acrimed.org/Les-sondologues-piliers-de-l-editocratie.

L’association Acrimed, dont le travail est salutaire pour une bonne démocratie :
la critique des médias

De plus, on peut voir la tentation de la facilité pour les médias : un sondage produit un chiffre, qu’on peut mettre en première page avec un titre choc, même si ce chiffre n’est pas pertinent, ou s’il est simpliste. On se souvient par exemple de la une de Marianne du 29 Janvier 2015 titrant « Marine le Pen à 30% !, à qui la faute ? », sur la base d’un sondage IFOP demandant si les personne « était près à voter pour elle » (hors de tout contexte électoral, ce qui peut faire complètement changer ce genre de résultat). D’une manière générale, des auteurs comme Sophie Eustache [16]https://www.acrimed.org/Les-limites-du-fact-checking-extrait-de-Comment-s remarquent que les « fact-checkeurs » font partis des mêmes groupes de presses qui permettent certaines fake-news de se propager, ils ne sont neutres d’aucune manière dans cette histoire. Vérifier une information et remonter à la source ne devrait pas être le fait d’un petit groupe de personne isolée, mais au contraire être la base même du travail de journaliste. Et si on a besoin d’avoir des pôles dans les rédactions pour faire ce travail, ça confirme en partie l’hypothèse d’un journalisme post-politique, qui n’a aucune lecon de vérité à donner.

4 / Présidentielle 2017 : la place des sondages

Maintenant qu’on comprend mieu le problème que pose une omniprésence des sondages (et leurs défauts intrinsèques) dans le contexte journalistique actuelle, prenons un cas d’étude : l’élection présidentielle française de 2017. En observant les sondages d’opinion produits sur le sujet, on retrouve les défauts de méthode habituelle : cadrage, continuité, résultats traités sans aucun recul ou nuances, etc. Commençons par les « aléas de l’instant » : l’affaire du « Pénélope Gate » à largement pollué le débat politique autour du candidat François Fillon, si bien qu’on parlait plus de cette affaire que de son programme. De plus, la semaine précédent la veille du premier tour, il y eu un attentat où un policier à perdu la vie, ce qui à propulsé la question de l’insécurité dans le débat et dans l’esprit de beaucoup de personnes. Les faits divers et quelques rumeurs ont comme toujours perturbés l’exercice du débat d’idées entre candidats. En bref, les sondages donnaient des chiffres sur tout, mais pas sur l’opinion politique profonde desindividus.Un autres problème a été la quantité de sondages produits. Bien avant le début de la campagne officielle (10 avril), la campagne électorale réelle battait déjà sont plein, avec des meetings, des interviews… et des sondages. Par exemple, il y a eu autour de la Primaire de la droite et du centre (en novembre 2016) 27 sondages produits[17] Liste des 27 sondages analysés accessible sur https ://www.acrimed.org/Primaire-de-la-droite-27-sondages-depuis-la , dont aucun n’a prévu le futur vainqueur F. Fillon dans le duo de tête ! 13. On retrouve bien cette idée d’ivresse des sondages évoquée en introduction. Beaucoup de sondage publiés donc, même quand il ne sont pas pertinents : avait-on besoin d’autant de données (qui n’ont pas réussi à prédire le vainqueur) pour une primaire ?

“Le sondage est devenu une sorte de réalité supérieure ; ou pour le dire autrement, il est devenu la vérité.”

De Milan Kundera / L’immortalité

Plus généralement, nombre de ces sondages d’intentions de vote proposent aux sondés de déclarer leur intention de voter pour… quelqu’un qui ne sera finalement pas candidat au final, comme ce fut le cas de Alain Juppé, Yannick Jadot, François Bayrou, Rama Yade, etc. Analyser l’évolution des scores de tel candidat depuis le mois de janvier ou février est donc un exercice rendu totalement obsolète : si une option apparaît ou disparaît au cours du temps, l’analyse des courbes sur plusieurs mois reviens à comparer l’incomparable ! C’est pourtant ce qu’il s’est passé.

Même Sarkozy trouve ça abusé

Toujours dans cette analyse de la profusion des sondages, parlont du travail de la Commission des sondages. Il s’agit d’un organisme visant à empêcher que la publication de sondages électoraux vienne influencer ou perturber la « libre détermination » du corps électoral (par exemple en interdisant les sondages le jour du vote). A cette fin, elle oblige aux instituts de sondage de résumer, dans une notice rendue publique, les conditions d’élaboration des sondages qu’ils réalisent[18]Il s’agit d’une commission créée par une loi du 19 juillet 1977, dont la dernière révision date du 25 avril 2016. Cette commission a donc un rôle de « garde-fous », tous les sondages devant passer par son approbation. Ainsi on a un point de comparaison entre les différentes campagnes présidentielles, car leurs statistiques sont assez exhaustives. Leur rapport de 2017 (publié en décembre 2017) rend compte de la masse des sondages dans cette campagne : là où la campagne de 2002 comptait 193 sondages concernés, ce chiffre s’élève à 560 en 2017 ! L’augmentation est constante, et les articles qui parlent de ces sondages sont également nombreux, puisque un sondage produit plusieurs articles sur différents médias. Vous la sentez l’ivresse des sondages là ?

Il faut toutefois relativiser : l’évolution d’Internet permet la multiplication des médias (avec les pure players, média uniquement disponible en ligne) et des sondages qui s’étalent sur plusieurs mois, ce serait dommage de se priver d’en parler, et ça permet plus de données receuillies. C’est le cas du sondage qui pose la question chaque jours en ligne « si le vite avait lieu demain, pour qui voteriez-vous ? », qui sont des rolling. Ainsi, sont produit chaque jour des chiffres, des variations, et des dynamiques apparaissent.

La présidentielle vu par les médias

On peut alors poser des narratifs sur cette production : « la campagne de X patine, la preuve il est en baisse dans les sondages », « X s’impose comme crédible, il est en train de rattraper son retard ! », etc. Les commentaires peuvent être vrais ou faux, positifs ou négatifs, mais partent du principe que les chiffres produits ont suffisamment de valeurs pour qu’on en parle, ce qui est discutable. La manière de faire des commentaires relève plus de la sur-interprétation, et donne des commentaires dignes d’une compétition de cyclisme. Par exemple, on apprend le 27 mars qu’ «Emmanuel Macron [. . . ] devance toujours Marine Le Pen ». Le 31 mars, Jean-Luc Mélenchon « a déjà dépassé son frère ennemi Benoît Hamon et, cette fin de semaine, […] il fond sur François Fillon». Le 3 avril, « Le Pen et Macron s’accrochent toujours ». Le 5 avril, un sondage « voit François Fillon gagner un point en une semaine [. . . ]. Mais il est talonné par Jean-Luc Mélenchon », et le lendemain, le 6 avril, « Jean-Luc Mélenchon est sur une très bonne dynamique [. . . ]. [Il] se rapproche non seulement de François Fillon mais aussi des deux premiers, Emmanuel Macron et Marine Le Pen».[19]Citations tirées des articles en ligne suivant, par ordre d’apparition : « Présidentielle : Macron donné en têtedu premier tour (sondage) » (Europe1.fr) ; « Mélenchon peut-il rattraper … Continue reading,etc.

5 / Présidentielle 2017 : effet pervers et défauts sondagiers

Dans cette campagne plus que jamais, les sondages ont donc pris une place importante dans les médias. On peut maintenant s’interroger plus en détail sur l’impact qu’on eu ces sondages sur l’élection en elle-même. D’abord, il faut rappeler que le phénomène du vote utile est souvent présent au moment d’un vote : au moment de voter, si on hésite entre deux candidats, le fait de savoir que l’un est mieux placé dans les sondages que l’autre incite les électeurs à voter pour celui qui à de meilleurs chances.

Les politiciens utilisent les statistiques comme les ivrognes utilisent les lampadaires : pas pour l’illumination, mais pour le support.

Hans Kuhn

On a retrouvé dans cette élection le phénomène du vote blanc, qui a nottament beaucoup posé question autour du duo Mélenchon-Hamon. Beaucoup de points de leur programme étant similaires, il existait une forte volatilité des électeurs entre ces deux candidats. Quand il y a eu (vers mi-mars) une légère avance de Mélenchon dans les sondages par rapport au candidat du PS qui s’est créée ; les sondages ont encouragés de plus en plus le vote utile et le report de voix Hamon vers Mélenchon, ce qui a participé à creuser l’écart, un écart qui sera encore pointé par les médias, et ainsi de suite[20]Pour une analyse plus détaillé des effets du vote utile sur le vote, voir : Jean-Yves Dormagen et Daniel Mouchard, Introduction à la sociologie politique, 3e édition, chapitre 11 : « Les … Continue reading. C’est un exemple on ne peut plus classique de vote utile, la simple exposition quotidienne de ces sondages on un impact significatif sur les croyances des individus, donc sur la manière dont ils vont appréhender le rapport de force en cours[21]Pour une description précise de ce qu’est le biais de simple exposition, voir : Zajonc, Robert B. (1968), «Attitudinal Effects of Mere Exposure », Journal of Personality and Social Psychology … Continue reading.

Il y a une autre question que l’on peut se poser sur ces sondages d’intention de vote : Quid de l’abstention et du vote blanc ? A l’heure ou l’abstention n’a jamais été aussi forte (1 électeur sur 3 a voté au 2 tour de cette présidentielle), à l’heure ou certain revendiquent ces actes comme militant (jusqu’à créer des parti dédiés), qu’en dise les sondages ? Une partie des rolling ne laissent pas ces options comme possibilités (Harris et Elable), et les autres le font, ainsi que la possibilité de direqu’on est « indécis » (BVA, IFOP, OpinionWay). Cette différence est fondamentale, car beaucoup de personnes n’auront le jours du vote même plus envie d’aller voter, ce qui fera varier le résultat, autant que le vote utile.

Les sondages fabrique l’opinion autant qu’il l’observe

On parle beaucoup de sondage sur les intentions de vote, mais on pourrait aussi parler des enquêtes d’opinion sur un sujet précis. Comme d’habitude, les sondages (et leur traitement par la suite dans des articles) sur les questions identitaires, de migrations et d’insécurité on propulsé ces thèmes vendeurs dans les débats, et on sait notamment depuis 2002 que ce genre de sujets fait monter le Front National. Ce parti (maintenant appelé Rassemblement national) est sur son terrain dans ces sujets, et parler de ça plutôt que d’écologie favorise l’effet de cadrage : ces sujets sont montrés importants, le climat l’est moins. J’insiste encore une fois : les sondages, leur publication et surtout leur médiatisation à outrance ont un fort impact sur les opinions des citoyens.

Une dernière réflexion me vient sur les sondages dans une élection présidentiel, j’en fait part ici de manière très hypothétique. Si chaque jours, quoi que fassent les candidats à une élection il y a des sondages produits et des commentateurs qui sur-interpréterons les tendances que ça produira sur le vote, je pense que ça créer de la superstition. Je m’explique : si un candidat décide un jour de parler d’un thème en particulier et qu’il enregistre une hausse dans les sondages le même jours, il pourrait être tenté de croire (et les éditorialistes l’affirmeront de manière certaines) que cette hausse est causée par l’émergence de ce thème dans son discours. Il y a une sorte d’effet cigogne[22]Aussi appelé post hoc ergo propter hoc (après cela et donc à cause de cela), désigne l’incapacité de notre cerveauà différencier une corrélation et une causalité, un effet qui est à la … Continue reading, dans le sens qu’il y a concomitance des deux évènements dans le temps, mais conclure à une causalité est forcément hasardeux sur le moment. Mais en l’absence de moyen de vérifications, les candidats pourrait agir, en aveugle, et décider de se focaliser un peu plus sur ce thème. Est-ce que c’était effectivement le thème qui plaisait, ou juste une illusion créée par les variations dans les réponses des sondés ? Imposible pour eux de savoir. Mon hypothèse demanderait une expérience pour la mettre à l’épreuve. En attendant, on peut dire avec un bon niveau de certitude que les sondages (surtout si on leur donne beaucoup d’importance) produise des effets dans l’espace politique, effet qui peuvent être désirés ou non, mais qui faussent le jeu démocratique de manière certaine.

6 / Doit-on parler des sondages ?

Maintenant que ce cas d’étude est terminé, on peut essayer de voir les sondages et leur place d’une manière plus générale dans le débat public. Le principe même d’un sondage peut être analysé du point de vue de l’habitus bourdieusien. En effet, le principe même que chaque citoyen ai un avis défini et puisse l’exprimer est déjà une hypothèse qu’on peut sérieusement remettre en cause, une fois analysé au prisme de l’habitus. Si on pose des questions politique très large (qui demande des compétences telles que très peu de personne auront d’emblée une réponse pertinente), à des personnes qui ont un capital culturel très faible, ce qui arrive le plus souvent c’est une non-réponse, ou une réponse qui ne fabrique reflète pas l’opinion réelle de la personne[23]D’ailleur c’est le même principe avec les micro-trottoirs. Donc on va passer notre temps à parler d’une opinion qui n’est plus représentative car il y a eu un biais du survivant dans les personnes qui ont effectivement donnée des réponses. Un sociologue considère (comme disait Bourdieu) que les non-réponses disent autant de choses qu’une réponse, qu’il faut les analyser aussi, ce que ne font pas les sondages. De plus,la forme de la question à choix multiple (la plus simple à produire, donc très utilisés par les instituts de sondage) limite l’analyse des opinions politique au domaine quantitatif, mais jamais vraiment qualitatives.

Encore une fois, est-ce que tout ça est pertinent ? Peu de personne dans les médias grand public semble se poser la question, alors qu’elle est pourtant centrale. Mais il faut produire de la discussion, de l’opposition, créer du contenu, peut importe s’il n’est pas pertinent, l’important est de créer une illusion de réalisme et de pertinence. En ajoutant des éditorialistes omniprésent, se donnant une illusion d’omniscience, ça fait une discussion. Ces éditorialistes sont persuadés de leurs compétences alors que leur avis est rarement plus pertinent qu’un autre. L’effet Dinning-Kruger montre que les personnes les moins compétentes dans un domaine ont tendance à surestimer leurs compétences [24]Justin Kruger et David Dunning, « Unskilled and Unaware of It : How Difficulties in Recognizing One’s Own Incompetence Lead to Inflated Self-Assessments », Journal of Personality and Social … Continue reading. Je ne dis pas que ça explique tout, mais ça donne un début d’explication psychologique. Dans ce contexte où les médias auront besoin des sondages pour avoir quelque chose à dire, on trouve encore des effets pervers, notamment des effets auto-réalisateur venant des sondages. Une théorie auto-réalisatrice est une prédiction qui influence la réalité présente et va dans le sens del’avènement de la théorie.

Voir ma vidéo sur les Théorie Auto-réalisatrice – Au-delà des yeux

Ce phénomène se produit avec les sondages, en plus de sa variante : les « effets performatifs » Une phrases performative réalise et fabrique ce qu’elle décrit. Il s’agit souvent de cas indécidables, où la phrase peut difficilement être classée comme « vraie » ou « fausse ». On peut redire que globalement, le vote utile est une bonne illustration du problème auto-réalisateur. Si lessondages influencent le vote dans les cas où il y a une volatilité électorale, il y aura des cas où les sondages (et les médias qui les commandent) seront des acteurs majeurs de la décision, ayant parfois un rôle proche d’un leader d’opinion. En effet, le fait de savoir, avant même d’avoir pu formuler une opinion, qu’un candidat est plus avantagé qu’un autre nous oriente puisqu’on préférera être dans le camps des vainqueurs. On l’a vu, la loi interdit de faire des sondages le week-end des votes pour limiter ces effets auto-réalisateur, mais ça semble bien dérisoire au milieu d’une campagne ou des centaines de sondages ont été fait. Avec tous les problèmes que les sondages posent et l’analyse des médias, on peut reformuler la question « doit-on parler des sondages ? » en deux questions. D’abord, comment parler des sondages correctement ? Comment faire pour qu’a chaque fois qu’on en parle,tous le monde à en tête la méthodologie et les défaut inhérents à ces sondages. Et ensuite : comment peut-on modifier le champ médiatique actuel pour rendre ces sondages moins indispensables ?

Alors, que faire des sondages ?

Les sondages ont dès le départ posé des problèmes de méthode, et il semble que les médias grand public ont tendance à l’oublier. L’exemple récent de la dernière élection présidentielle montre même qu’on vit dans un moment d’emballement de plus en plus grand de ces sondages, de leur production à leur traitement médiatique. L’accélération des données (création d’internet, apparition des réseaux sociaux…) produit des prédispositions à devenir des jurés permanent, il faut donner un avis sur tant de sujet qu’on ne peut pas toujours avoir d’avis pertinent. Les sondages servent ainsi souvent de « départ à la discussion », et permettent des réponses simples à des questionnements compliqués. Mais qu’est-ce qui vient en premier entre l’offre et la demande ? Et si plutôt que de voir ça comme une faute de la part des professionnel des médias, cet état de fait viendrait plutôt de la demande du public ? Le cerveau humain préfère les explications simples, mono-causales et facilement accessibles. Ainsi, la critique du traitement médiatique des sondages semble parti pour continuer, du moins tant que le système médiatique restera tel qui est actuellement. On aura beau répéter tous les défauts dans la méthode depuis les décennies, les médias et nous, on y revient toujours à ces satanés sondages. Faire une critique des méthodes est plus que nécessaire, mais ça ne peut pas être une fin en soi. Il faut l’accompagner d’une réflexion sur la manière de transformer le système de publication actuel (et son modèle économique) pour permettre concrètement une évolution du traitement des sondages. Et peut-être qu’un jour, on aura des médias capables de parler correctement de politique.

Réferences

Réferences
1 https://www.lexpress.fr/actualite/politique/ps/matignon-a-depense-des-milliers-d-euros-pour-des-sondages-sur-l-image-de-valls_1898910.html
2 Alain Garrigou. L’ivresse des sondages. La Découverte, Paris, 2006.
3 Pierre Bourdieu. L’opinion publique n’existe pas. Les temps modernes, (318) : pp. 1292–1309, Janvier 1973
4 J’inclus dans cette analyse les problèmes soulevés par les continuateurs de Bourdieu, lui ne parlait pas de ce problème dans les années 70, évidemment.
5 L’idée des quotas est qu’à partir de 1000 personnes on peut obtenir une idée déjà assez précise de la population plus générale. C’est un peu vrai, mais lorsqu’on veut mesurer des millions d’opinions à partir d’un ou deux milliers de personnes, ça crée une forte marge d’erreur. Et ces marges d’erreur sont rarement prises en compte quand on lit un sondage ou qu’il est présenté dans les médias.
6 https://www.ifop.com/la-methode-rolling/
7 Loïc Blondiaux. La fabrique de l’opinion : une histoire sociale des sondages. Science politique. Seuil, Paris, 1998.
8 Citons par exemple les Décodeurs du Monde
9 Pour une analyse plus documenté de l’impact de ces affaires, voir Aaron Blake, « A new study suggests fake newsmight have won Donald Trump the 2016 election » The Washington Post April 3, 2018
10 Une enquête Kantar Sofres/Kantar Média de février 2017 montre en effet une constante baisse de la confiance accordée aux médias depuis 2015
11 Rosen, Jay. « Why Trump Is Winning and the Press Is Losing ».The New York Review of Books, 25 avril 2018
12 Ralph Keyes, The post-truth era : dishonesty and deception in contemporary life. St. Martin’s Press, New York, 1st ed edition, 2004.
13 Pierre Bourdieu. Sur la télévision : suivi de L’emprise du journalisme. Raisons d’agir. Liber éditions, Paris, 1996.
14 Serge Halimi. Les nouveaux chiens de garde. Raisons d’Agir Éd, Paris, nouv. éd. actualisée, 2005.
15 L’article complet est disponible sur le site d’Acrimed : https://www.acrimed.org/Les-sondologues-piliers-de-l-editocratie
16 https://www.acrimed.org/Les-limites-du-fact-checking-extrait-de-Comment-s
17 Liste des 27 sondages analysés accessible sur https ://www.acrimed.org/Primaire-de-la-droite-27-sondages-depuis-la
18 Il s’agit d’une commission créée par une loi du 19 juillet 1977, dont la dernière révision date du 25 avril 2016
19 Citations tirées des articles en ligne suivant, par ordre d’apparition : « Présidentielle : Macron donné en têtedu premier tour (sondage) » (Europe1.fr) ; « Mélenchon peut-il rattraper Fillon ? » (lepoint.fr ) ; « Sondage : Le Penet Macron s’accrochent toujours, Mélenchon à 15% » (lci.fr) ; « Présidentielle : Fillon en hausse dans un sondage »(lefigaro.fr) ; « Présidentielle : Jean-Luc Mélenchon pourrait bientôt apparaître dans des sondages de second tour » marianne.net
20 Pour une analyse plus détaillé des effets du vote utile sur le vote, voir : Jean-Yves Dormagen et Daniel Mouchard, Introduction à la sociologie politique, 3e édition, chapitre 11 : « Les comportements électoraux. Deuxième partie : les approches par les choix individuels », Paris, De Boeck, 2010
21 Pour une description précise de ce qu’est le biais de simple exposition, voir : Zajonc, Robert B. (1968), «Attitudinal Effects of Mere Exposure », Journal of Personality and Social Psychology Monographs, vol. 9 (2, Part 2),1-27.
22 Aussi appelé post hoc ergo propter hoc (après cela et donc à cause de cela), désigne l’incapacité de notre cerveauà différencier une corrélation et une causalité, un effet qui est à la source de nombreuse superstition
23 D’ailleur c’est le même principe avec les micro-trottoirs
24 Justin Kruger et David Dunning, « Unskilled and Unaware of It : How Difficulties in Recognizing One’s Own Incompetence Lead to Inflated Self-Assessments », Journal of Personality and Social Psychology, vol. 77, no 6, décembre 1999, p. 1121–349

4 réponses à “Le traitement médiatique des sondages, double naufrage ?”

  1. Avatar de Bighalloweengeek.com

    Au nom de la democratie, votez bien ! Retour sur le traitement mediatique des elections presidentielles de 2002 et 2017, par Mathias Reymond

    1. Avatar de tranxen
      tranxen

      Je connais pas, c’est un livre, ça parle de quoi ?

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